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samedi 24 mars 2012

Les deux annonciations (3)


Les deux annonciations (3)

Il est tout à fait vraisemblable, on ne peut plus logique même, de penser que Joseph a accompagné son épouse pendant le voyage qu’elle a effectué pour se rendre auprès de sa cousine Élisabeth qui « vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois » (Luc 1, 36), comme elle l’avait appris de saint Gabriel. Ne pas aller avec elle aurait été un manque d’amour évident. Cet « homme juste » (Matthieu 1, 19) aurait-il pu laisser sa femme, si jeune et si pure, partir toute seule pour un déplacement qui était une véritable expédition ? Sans doute pouvait-il la confier à quelqu’un de sa connaissance dans la caravane qui se dirigeait vers Jérusalem et dont une partie allait se détacher pour se rendre dans la montagne, dans une ville de Juda » (Luc 1, 40). Mais son amour ardent et tendre pour Marie pouvait-il supporter un tel éloignement (lire la suite) sans être saisi d’inquiétude ? N’était-il pas désormais le chef de famille et donc pleinement responsable de tout ce qui pouvait arriver à Marie ?
L’idée que saint Joseph a accompagné Marie pour ce long trajet se trouve pour la première fois chez saint Éphrem. Elle entre dans la piété de l’Église latine grâce aux récits de Gerson (1363-1429) sur saint Joseph : « Était-elle seule pour ce voyage ? Je ne peux le croire ; et quoique l’Évangile garde le silence sur ce point, j’ose affirmer que Joseph était là » (Gerson, Josephina). C’est également l’opinion de Bernardin de Laredo (1482-1540) : « Il faut remarquer que s’il n’est pas écrit que son très saint époux l’a accompagnée sur ce chemin, ni que l’on ait écrit quelque raison ou idée qui nous empêche de penser qu’ils y sont allés tous deux ensemble, il n’est pas de bon sens, ni respectueux du saint, et l’on n’augmente pas l’honnêteté véritable de la très sainte Vierge, en pensant qu’il n’a pas été avec elle » (Bernardin de Laredo, Traité de saint Joseph).
Joseph la voyait transfigurée depuis quelques jours, sans en connaître la raison profonde. Son épouse était encore plus débordante de joie et d’allant que d’ordinaire, plus aimable et serviable que jamais. Elle rayonnait d’une grâce nouvelle. Et il l’en aimait encore plus, tout en sentant une réciprocité sans frein.
Ce jeune couple si soudé, dans lequel tout était complicité amoureuse et sainte, pouvait-il subir l’épreuve d’une séparation de quelques jours, pendant lesquels Joseph n’aurait pas pu dormir tranquille et Marie se serait inquiétée elle-même du souci de Joseph ? Certes, non. Ce n’est pas plausible.

(à suivre…)

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