ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

lundi 30 avril 2012

Les dix vierges (4)


Les dix vierges (4)

Si ces vierges insensées ne prennent pas d’huile avec elles, comment vont-elles être « la lumière du monde » (Matthieu 5, 14), c’est-à-dire « la lumière des nations » annoncée dans l’Ancien Testament (cf. Isaïe 42, 6 ; 49, 6 ; 60, 1-3) ? Certes, seul Jésus peut dire au sens propre et strict : « Je suis la lumière du monde » (Jean 8, 12). Mais il n’en a pas moins affirmé : « Vous êtes la lumière du monde », comme une conséquence du baptême, qui a allumé la lumière de la foi et de la présence divine en nous. Et il précise qu’une « ville située sur une montagne ne peut être cachée ; et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le lampadaire. Alors elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison ». La conclusion s’impose d’elle-même : « Qu’ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5, 14-16). (lire la suite)
Certes, notre lumière doit briller devant les hommes, mais pas de n’importe quelle manière : à condition d’en faire retourner toute la gloire à Dieu, à notre Père céleste. Car le Seigneur nous a bien prévenus aussi : « Prenez garde de ne pas faire le bien que vous faites devant les hommes pour être regardés par eux : autrement vous n’aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 6, 1). Les termes sont presque identiques. Vous n’aurez pas de récompense ou de salaire. Car « l’ouvrier mérite son salaire » (Luc 10, 7). C’est le mot grec misthos qui est employé. Il s’agit bien d’un salaire, et non pas tant d’une récompense. Du salaire auquel le travailleur a droit en raison de l’activité réalisée : « Appelle les ouvriers et paye leur salaire » (Matthieu 20, 8), dit le maître de la vigne à son intendant.
Mais si l’ouvrier a agi pour lui-même au lieu de travailler pour son maître, s’il a dilapidé les talents reçus (cf. Luc 19, 11-27), alors il a déjà reçu son salaire de la part des hommes, avec leur estime, leurs louanges, leurs amusements.
Nous avons vu ce que l’huile représente et comment la vie chrétienne permet de la fabriquer en quelque sorte. Nous ne pouvons pas prendre de repos dans la vie spirituelle, ni mettre Dieu en vacances, ou entre parenthèses à aucun moment.
Ces pauvres femmes s’affolent. Elles mesurent le côté dramatique de la situation. Alors « celles qui étaient étourdies dirent à celles qui étaient avisées : « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent » (Matthieu 25, 8) déjà. Ce pourrait être une solution, en effet. Mais une solution trompeuse, bancale, qui conduirait tout droit à une catastrophe de plus grande ampleur.

(à suivre…)

dimanche 29 avril 2012

Les dix vierges (3)


Les dix vierges (3)

« Comme l’époux tardait à venir » (Matthieu 25, 5). Il vient quand il décide d’aller vers nous. « Tenez-vous prêts, vous aussi, car c’est à une heure imprévue que va venir le Fils de l’homme » (Matthieu 24, 44). Nous croyons savoir parfois mais la réalité nous échappe. Nous ne sommes pas maîtres du cours des événements. « Comme l’époux tardait à venir, toutes s’assoupirent et s’endormirent » (Matthieu 25, 5). Pourquoi pas, si elles peuvent dormir du sommeil du juste, si elles sont prêtes, si elles aiment vraiment leur Maître ? Car « l’amour est une voie royale, mais les humbles sont les seuls à pouvoir y circuler » (saint Augustin, Enarrationes in Psalmos 141, 7). Il faut se le tenir pour dit. Car si l’on tarde à aimer Dieu, il est possible que l’on atteigne un point de non retour. Ce qui est le cas de ces jeunes femmes insensées. (lire la suite)
Il est vrai qu’elles se sont portées à la rencontre de l’époux ? nul ne le niera. Le pharisien aussi donnait l’apparence d’une vie de prière et de détachement des biens de ce monde, mais il ne redescendit pas justifié chez lui, car il était complètement imbu de lui-même (cf. Luc 18, 9-14). Ces jeunes filles sont comme des gens qui ont entendu la parole de Dieu, mais « chez qui les soucis du monde et la séduction des richesses et les convoitises pour tout le reste étouffent la parole, qui devient stérile » (Marc 4, 19). Il n’y a rien à faire.
Il faut bien se reposer. Mais après avoir travaillé correctement et accompli sérieusement ses devoirs d’état. Pour ces jeunes filles, cela consistait à être prêtes à accompagner l’époux sur son parcours et à éclairer le chemin. Or, voilà qu’« au milieu de la nuit, un cri retentit : Voilà l’époux ! Sortez à sa rencontre ! » (Matthieu 25, 6). Drôle d’idée d’arriver en pleine nuit. Mais les choses sont comme elles sont. Les dix vierges se réveillent en sursaut et apprêtent leurs lampes, qu’elles avaient laissées en veilleuse. Les heures se sont écoulées, mine de rien. Et pendant ce temps-là, le niveau de l’huile a baissé sensiblement. « Toutes ces jeunes filles se levèrent et garnirent leurs lampes » (Matthieu 25, 7). C’est alors que la moitié d’entre elles découvrent la catastrophe qui les menace : elles n’ont presque plus d’huile et leurs lampes ne vont pas rester longtemps allumées.

(à suivre…)

samedi 28 avril 2012

Les dix vierges (2)


Les dix vierges (2)

Et quelle est cette huile essentielle ? C’est la somme de nos vertus. C’est notre effort sans cesse recommencé pour aimer vraiment le Seigneur dans les petites choses de la vie courante. C’est notre générosité pour mortifier notre regard, notre caractère, nos goûts et ne pas satisfaire nos caprices. C’est notre fidélité aux moments de prière que nous nous sommes fixés au long de la journée. Grâce à eux, il ne nous sera pas difficile d’accueillir le Seigneur puisque nous aurons été souvent avec lui, auprès de lui, et que ces moments d’intimité nous auront maintenus éveillés le reste du temps, en état d’alerte amoureuse pour ne pas nous laisser aller à l’embourgeoisement et à la tiédeur. Telle est l’huile de notre lampe. Son niveau, non seulement ne diminue pas, mais augmente à la mesure de la sainte tension de notre vie intérieure, de notre amour de Dieu. (lire la suite)
Les vierges imprévoyantes, elles, « en prenant leurs lampes, n’avaient pas pris d’huile avec elles » (Matthieu 25, 3). Elles auraient dû reconnaître leur étourderie et avoir l’humilité de s’adresser rapidement à leurs compagnes pour leur demander de l’aide alors qu’il en était encore temps. Mais l’humilité est une vertu difficile à vivre, parce qu’elle suppose de reconnaître nos faiblesses, nos erreurs et que nous n’aimons pas être pris en défaut. Il est vrai qu’il n’est pas de tout repos de faire comme jadis dans le pressoir, après la vendange, et de se placer au-dessus de soi, comme sur la récolte de raisin, pour le fouler aux pieds en répétant en cadence : « Je ne suis rien, je ne peux rien, je ne possède rien… », tout en ajoutant : « Mais je suis un enfant de Dieu et, avec lui, je peux tout ! » « Rejette loin de toi le désespoir où te conduit la connaissance de ta misère. — C’est vrai : financièrement parlant, tu es un zéro…, par ton rang social, un autre zéro…, et un autre par tes vertus, et un autre par ton talent… Mais, à gauche de tous ces zéros, il y a le Christ… Et cela fait un chiffre incommensurable ! » (saint Josémaria, Chemin, n° 473).
Plus nous reconnaissons que nous ne valons rien par nous-mêmes en ceci et en cela, plus nous prenons conscience de notre nullité, et plus nous ajoutons de zéros, le chiffre grandissant en conséquence. Alors nous pouvons tout : « je puis tout en celui qui me fortifie » (Philippiens 4, 13). Notre capacité d’agir s’accroît en fonction de notre humilité.
Autrement dit, l’humilité n’est pas une vertu passive, de celui qui désiste, qui se met en retrait, qui n’ose pas agir pour ne pas se mettre en évidence. Elle est au contraire une vertu éminemment active. La véritable humilité pousse à se lancer dans des entreprises hardies et coûteuses que l’on réalise, non pas avec nos propres forces dont nous avons justement reconnu et confessé l’inexistence, mais au nom de Dieu et avec la puissance de Dieu. Que « brille votre lumière aux yeux des hommes, pour qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5, 16), car il en est l’auteur principal.

(à suivre…)

vendredi 27 avril 2012

Les dix vierges (1)


Les dix vierges (1)

« Il en sera du royaume des cieux comme de dix jeunes filles qui avaient pris leurs lampes et étaient sorties à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient étourdies et cinq étaient avisées. Celles qui étaient étourdies, en prenant leurs lampes, n’avaient pas pris d’huile avec elles » (Matthieu 25, 1-3). Nous pourrions souligner à l’actif des « vierges folles », qualifiées ici d’étourdies, qu’elles se sont quand même engagées au service de leur maître. C’est déjà quelque chose. Évidemment, il faut faire attention à ce à quoi l’on s’engage. Mais le premier pas de la vie consiste précisément à suivre le Christ, notre Maître à tous, le Seigneur. Or, ce n’est pas une décision que nous prenons tout seuls. Nous avons besoin pour cela d’un élan divin. « Personne ne va au Père que par moi » (Jean 14, 6). Se mettre au service de Dieu est en soi un don de l’Esprit Saint. À nous de l’accueillir comme tel en l’appréciant pour ce qu’il est. (lire la suite)
Mais l’appel de Dieu à le suivre est toujours compromettant. Nous ne nous enrôlons pas dans un club de rugby pas plus que nous nous inscrivons sur « facebook », où nous pouvons avoir l’impression, tout à fait artificielle, de devenir l’ami d’une foule de gens. Le concept d’amitié en prend un coup sérieux. Il se trouve très dévalorisé malheureusement. Non. Il s’agit justement de devenir ami de Dieu, non pas à n’importe quel prix, pas de façon frivole. « Je vous appelle mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jean 15, 15). L’appel nous fait donc entrer dans le cercle des intimes du Seigneur. À partir de ce moment-là, nous devons adopter une attitude cohérente avec notre condition.
C’est cela que nous ne trouvons pas chez les « vierges folles », qui mènent leur vie dans la légèreté, sans trop se préoccuper de ce dont demain sera fait, et qui se laissent guider principalement par leurs émotions et leurs sentiments. Ce qui est le moyen radical pour échouer. Leur histoire va nous le montrer, pour notre gouverne. Pour que nous apprenions à être prêts à accueillir le Seigneur à tout moment.
Parce que, en réalité, il ne se présente pas qu’au moment des noces retracé par cette parabole. Mais c’est constamment qu’il nous recherche, qu’il vient à notre rencontre. Il nous guette comme l’amoureuse son fiancé : « Je dors, mais mon cœur veille… J’attends mon bien-aimé qui frappe » (Cantique 4, 2).
« Mais celles qui étaient avisées avaient pris, avec leurs lampes, de l’huile dans des vases » (Matthieu 25, 4). Évidemment, il est un peu encombrant de trimballer des vases à la main. Mais c’est la condition pour être en mesure de maintenir la flamme allumée. Qu’est-ce qui permet de se maintenir éveillé et que la lape reste allumée, pour être à même d’accueillir l’époux quand son arrivée sera annoncée ? C’est l’huile.

(à suivre…)

mercredi 25 avril 2012

Compostelle et le Mont Saint-Michel


Compostelle et le Mont Saint-Michel

Arrivé à la cathédrale de Galice, le pèlerin de saint Jacques honore la statue de l’apôtre – puis continue son chemin vers l’Ouest : quatre-vingt-sept kilomètres jusqu’au cap Finisterra, qui lui aussi, au Moyen-âge, est une »fin du monde connu ». Là le marcheur s’arrête face à l’océan. Il ne peut pas aller plus loin : « on ne voit rien que le ciel et la mer », note le pèlerin Léon de Rosmital en1466. Le sanctuaire l’a conduit à la mer… C’est le contraire du pèlerin de saint Michel, que la mer conduit au sanctuaire. Marcher vers la mer et le soleil couchant, c’est se dissoudre dans la nature. Traverser la mer, c’est aller vers l’immortalité. (lire la suite) La coquille emblème du Mont Saint-Michel, signe de l’homme délivré de la mer, n’avait donc pas le même sens que la coquille emblème de Santiago, signe de la mer plus forte que l’homme. Différence troublante ! Elle s’accentue du fait que la coquille normande est historiquement plus ancienne que celle de Galice : ce sont les « miquelots », pèlerins de saint Michel, qui l’ont transmise aux « jacquaires », pèlerins de saint Jacques. Le conchyliologiste, spécialiste des mollusques, ajoutera que ce ne sont pas les mêmes coquillages : saint Jacques a le pecten maximus, qui est grand et rond ; saint Michel a le pecten varius, qui est petit et oblong.

Patrice de Plunkett, Les Romans du Mont Saint-Michel, Paris, Éditions du Rocher, 2011, p. 32-33.

lundi 23 avril 2012

Prière de demande (4)


Prière de demande (4)

Animés d’une telle confiance dans les promesses divines, allons vers le Seigneur et n’hésitons pas à lui dire clairement et en détail ce que nous attendons de lui, ce que nous voulons. C’est l’attitude qu’il aime et qu’il attend : « Demandez et l’on vous donnera » (Luc 11, 9). Mais il ajoute qu’il faut « prier toujours sans jamais se lasser (Luc 18, 1). Cela est essentiel. D’ailleurs, celui qui se place avec confiance dans les mains du Seigneur, celui qui sait d’expérience que Dieu est son Père, ne saurait perdre courage quand les événements ne semblent pas tourner à son avantage ? c’est pure impression, parce que « pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt à leur bien » (Romains 8, 28). (lire la suite)
Et nous voyons avec cet exemple du retour de Lazare à la vie terrestre que rien n’est impossible à Dieu (cf. Luc 1, 37). En pensant au retard mis par Jésus à se rendre à Béthanie, nous pourrions nous dire : « Drôle d’amitié, qui ne suscite pas davantage d’empressement ! » Mais l’amitié ne se manifeste-t-elle pas et par la présence et par des cadeaux ? Or, Jésus, déjà présent en esprit, se rend physiquement présent et vient consoler Marthe et Marie et, en plus, il leur fait le cadeau imprévisible de ressusciter Lazare. Nous voyons à quel point la prière confiante et humble peut infléchir le Cœur de Jésus et l’amener à faire des folies d’amour pour nous, les hommes. N’hésitons donc pas à demander beaucoup. Redisons nous aussi avec foi à Jésus : « Maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera » (Jean 11, 22). Rien n’est plus vrai que cette affirmation. Comment Jésus pourrait-il se dérober si nous mettons le doigt sur une réalité aussi profonde et effective ?

(fin)

dimanche 22 avril 2012

Prière de demande (3)


Prière de demande (3)

Marthe et Marie ont prévenu le Seigneur, lui faisant comprendre que sa présence était souhaitée de façon urgente. Mais Jésus a d’autres urgences. Il doit intervenir sur tous les fronts ! Et il prie déjà, comme d’habitude, pour ses trois amis si chers à son Cœur Sacré et Miséricordieux. Il a un autre sens de l’urgence et d’autres visées que les hommes. Cette maladie, confie-t-il à ses apôtres, « est pour la gloire de Dieu ». Jésus a toujours en vue la gloire de son Père. Il nous incite à agir pareillement : « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quelque autre chose que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10, 31). Et, de façon inexplicable pour nous, la gloire de Dieu passe par la croix. Ici, par la mort de Lazare. Il est bon de le savoir. (lire la suite)
Jésus n’a pas montré beaucoup d’empressement, à vue humaine, à répondre à l’appel de Marthe et de Marie. quand il arrive enfin à Béthanie, cela fait quatre jours que Lazare est dans le tombeau (Jean 11, 39). Il vient prendre part à la douleur de se amis et « il frémit en son esprit et se laissa aller à l’émotion » (Jean 11, 33). Mais Lazare est dans la tombe. Il semble bien qu’il n’y ait plus rien à faire et à attendre.
Nous sommes peut-être parvenus dans notre vie un jour à un point de non retour. Si nous avons une vision surnaturelle de la vie, nous acceptons les événements tels qu’ils se présentent à nous. Mais les jeux sont faits ! Eh bien ! non ! Pas forcément. Ici, parce que la maladie de Lazare est pour la gloire de Dieu, Jésus va le ressusciter.
Il accorde à Marthe et à Marie bien plus que ce qu’elles avaient souhaité. Dans notre vie, ce genre d’événement tout à fait exceptionnel ne se produira certes pas. Mais nous pouvons bénéficier d’autres conséquences du fait de n’avoir pas été exaucés par Dieu de la façon que nous escomptions : il nous a réservé d’autres grâces, des grâces plus grandes à ses yeux et plus importantes, que celles que nous sollicitions, selon notre logique humaine, une grâce qui aurait arrangé les choses et simplifié notre vie, qui en aurait éliminé la croix. Car cela se ramène souvent à une aspiration de ce genre.
Or, le plan du salut prévu par Dieu passe par la croix. Dieu nous exauce parfois, voire souvent même, différemment de ce que nous désirions, tout en nous aidant à surmonter chrétiennement l’épreuve. Mais nous ne pouvons pas dire que Dieu se désintéresse de nous ou qu’il nous oublie. « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, n’ayant pas pitié du fruit de ses entrailles ? Si même celles-ci oubliaient, moi, je n’oublierai pas ! » (Isaïe 49, 15).

(à suivre…)

samedi 21 avril 2012

Prière de demande (2)


Prière de demande (2)

Pendant ce temps-là, « beaucoup de Juifs étaient venus auprès de Marthe et de Marie pour les consoler au sujet de leur frère » (Jean 11, 19). Jésus se dirige vers Béthanie, mais trop tard manifestement. Quand il approcha de la ville, « Marthe alla au devant de lui », et elle lui dit, comme un doux reproche : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jean 11, 19-20). Cela semble une évidence pour elle. Sa foi en Jésus-Christ est grande, certes, mais elle ne peut que constater qu’en l’absence du Maître son frère a quitté ce monde. Toutefois, elle ajoute une nouvelle prière, dont elle ne mesure peut-être pasr la portée, ou qu’elle n’ose pas formuler plus explicitement, car elle lui semble insensée : « Maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera » (Jean 11, 22). Sa foi n’a pas vacillé. Marthe n’a pas été exaucée, alors elle reformule sa prière différemment. Mais elle insiste. Et c’est bien ce qui compte. C’est ce que Dieu attend de nous : que nous ne nous découragions pas si les choses tardent à venir.
Nous devons comprendre que Dieu peut laisser volontairement la situation pourrir et se dégrader à un point qui nous semble extrême. Il ne se désintéresse pourtant pas de nous. il nous aime. Il marche à notre rencontre. (lire la suite)
Jésus avait dit : « Demandez. » Marthe et Marier ont demandé une faveur, non pour elles-mêmes, mais pour leur frère Lazare, même si la guérison éventuelle de celui-ci serait également un bien pour elles. « Demandez et l’on vous donnera » (Luc 11, 9). Elles n’ont rien reçu, du moins à en juger par la tournure prise par les événements.
Pour elles, la venue du Seigneur était urgente, car la maladie de leur frère les inquiétait de plus en plus au point de craindre une issue fatale. Après avoir envoyé un messager auprès du Maître, elles comptent les heures, puis les minutes avec impatience. Et l’irréparable se produit : Lazare meurt au bout de quelques jours seulement de maladie. Cela a été fulgurant.

(à suivre…)

vendredi 20 avril 2012

La sainte Tunique du Christ, à Trêves


La sainte Tunique du Christ, à Trêves

Pèlerinage du 13 avril au 13 mai 2012. Tous sont cordialement invités à prendre le chemin de Têves sur le thème « et rassemble ce qui est séparé ».
La Sainte Tunique du Christ est l’objet le plus précieux de la Cathédrale de Trêves. C’est là qu’elle est conservée à l’abri des regards. Elle n’est exposée que lors des Pèlerinages, soit trois fois au siècle dernier : en 1933, 1959 et 1996.
Le pèlerinage de 2012 est motivé par une date historique : 1512. Cette année-là, l’empereur Maximilien 1er s’était rendu à Trêves pour une Diète d’Empire. Sur son insistance, la Tunique avait été sortie du maître-autel de la cathédrale. Lorsque les habitants l’apprirent, (lire la suite) ils voulurent également la voir et, par un mouvement populaire, ils obtinrent ainsi la première présentation publique.
Depuis ce premier pèlerinage, il y a 500 ans, ce sont des millions de pèlerins du monde entier qui sont venus, croyants, curieux, en quête de savoir. Tous ont été attirés et subjugués par la Tunique du Christ.

mercredi 18 avril 2012

Prière de demande (1)


Prière de demande (1)

Nous avons un exemple de prière de demande dans le récit que saint Jean fait de la résurrection de Lazare. Un exemple qui peut nous servir à comprendre le sens de cette forme de prière et la façon dont Dieu nous exauce.
Lazare tombe malade. Nous ne savons pas si cette maladie était grave ou non a priori. Quoi qu’il en soit, Marthe et Marie, les deux sœurs de Lazare, « envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade » (Jean 11, 3). Or, ayant « appris qu’il était malade, il resta deux jours encore au lieu où il était » (Jean 11, 6).
C’est surprenant. D’autant plus qu’il nous est bien précisé que « Jésus aimait Marthe, et sa sœur Marie, et Lazare » (Jean 11, 5). Certes, Jésus aime tout le monde d’un amour infini, puisqu’il est Dieu. Mais, en tant qu’homme, il en aime plus certains que d’autres. (lire la suite) C’est le cas de ces trois amis de Béthanie. C’est aussi le cas du chroniqueur, Jean, souvent qualifié de « disciple que Jésus aimait » (cf., par exemple, Jean 13, 24). Nous nous attendrions donc à ce que, aussitôt informé, le Seigneur se mette en route pour venir au chevet du malade. Quelle tâche urgente le retient-il là où il se trouve ? Serait-ce qu’il veut nous donner un exemple de détachement, même de l’amitié, et qu’il se prive volontairement de la joie de rencontrer ses trois amis et de retrouver la chaleur du foyer de Béthanie ?
Nous apprenons ainsi à patienter. Le Seigneur est parfaitement au courant de notre requête. Il en mesure l’importance, et peut-être l’urgence, pour nous. il sait que nous comptons sur lui. Et il nous aime aussi d’un amour de prédilection puisque nous sommes enfants de Dieu de par notre baptême.
Nous demandons une grâce, une faveur dans notre prière. Mais il ne faut pas nous attendre à être exaucés automatiquement, sur-le-champ. Ce n’est pas que le Seigneur ne nous aie pas entendu, ni qu’il ne soit pas disposé à nous écouter. Mais il a son temps à lui, sa logique et ses plans. « Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle » (Jean 11, 4). Et pourtant, Lazare va bien mourir…
Ce n’est que deux jours après avoir reçu la nouvelle de la maladie de Lazare que Jésus se met en marche. Et il ne semble pas se presser. Il sait, lui, que son ami est déjà « passé à meilleure vie », comme nous disons. « Notre ami Lazare dort, mais je vais aller le réveiller. Ses disciples lui dirent : « S’il dort, il guérira. » Or, Jésus avait parlé de sa mort, mais ils pensaient que c’était du repos du sommeil » (Jean 11, 11-13).

(à suivre…)

mardi 17 avril 2012

Le pardon (4)


Le pardon (4)

Saint Paul invitera ses correspondants, les chrétiens qu’il a « engendrés (1 Corinthiens 15, 4) dans la douleur, à faire preuve les uns envers les autres de « sentiments de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant les uns les autres, et vous pardonnant mutuellement si vous avez l’un contre l’autre quelque sujet de plainte. » Et pour donner plus de poids à cette exhortation, dont il sait que son application est coûteuse, il précise : « Tout comme le Seigneur a pardonné, pardonnez, vous aussi » (Colossiens 3, 12-13).
Mais le panorama doit s’élargir encore : « En plus de tout cela, revêtez la charité ; c’est le lien de la perfection » (Colossiens 3, 14). De fait, le Seigneur aurait pu pousser l’exigence plus loin. S’il ne l’a pas fait, c’est parce qu’il agit avec une pédagogie toute divine, empreinte de sagesse, qui veut faire avancer progressivement sur la voie de la sainteté, (lire la suite) d’une façon adaptée à la situation de chacun. Il aurait pu dire, en effet, à Pierre et aux autres apôtres que la charité authentique ne consiste pas seulement à se supporter mutuellement, mais qu’elle doit aller beaucoup plus loin, qu’elle suppose bien plus encore.
La charité vécue comme le Christ l’a incarnée dans sa vie consiste fondamentalement à aimer. Non pas à supporter, comme un pis aller. À aimer le prochain tel qu’il est, avec ses défauts dont on peut – et doit même – l’aider à se débarrasser, par exemple en pratiquant la correction fraternelle rappelée par le pape Benoît XVI dans son Message pour le carême de 2012, et avec ses qualités, que nous ne pouvons pas ignorer non plus. De la sorte, nous vivons ce grand conseil de l’Apôtre : « Portez les fardeaux les uns des autres : par là vous accomplirez la loi du Christ » (Galates 6, 2).
Mais peut-être faut-il que nous commencions par pardonner soixante-dix-sept fois sept fois… Ce serait déjà un bon début !

(fin)

lundi 16 avril 2012

Le pardon (3)

Le pardon (3)

Dans sa mission de parfaire la Loi, Jésus n’a peut-être pas encore élargi le Shema Israël, à en juger par l’ordre dans lequel saint Matthieu présente sa prédication : « Écoute Israël : le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est unique. Tu serviras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Deutéronome 6, 4-5). Jésus, lui, précise : « C’est là le plus grand commandement, et le premier », ce qui laisse entendre qu’il en existe d’autres, bien évidemment. Mais la nouveauté, l’innovation consiste à affirmer avec force : « Mais un deuxième lui est égal. » Ce n’est pas seulement un autre commandement. Le Seigneur le place sur le même plan, au même niveau que l’amour inconditionnel de Dieu. Ce deuxième commandement c’est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22, 38-39).
Si cet enseignement n’a pas encore retenti, le Seigneur l’a en quelque sorte préparé en précisant à Simon, (lire la suite) à propos de ce fameux prochain qui nous a offensé : « Et s’il lui arrive de pécher contre toi sept fois par jour et qu’il revienne à toi sept fois en disant : Je me repens, tu lui pardonneras » (Luc 17, 4). Là, le Christ reprend la mesure que Pierre a avancée timidement. Mais il en modifie la portée de façon importante ? il ne s’agit pas de pardonner sept fois dans la vie, mais sept fois par jour le cas échéant, et, de façon plus générale, soixante-dix-sept fois sept fois. Autant dire, chaque dois que l’occasion s’en présente.
C’est évidemment dans ce pardon à répétition que se trouve l’authentique charité, qui est prête à tout endurer du moment que l’autre s’amende et revient, contrit, solliciter le pardon. Ce qui, soit dit en passant, représente un acte d’humilité de sa part. Ce qui est loin d’être négligeable. Cette humilité doit ouvrir l’accès au pardon.
« Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! » (Luc 8, 8). Il va de soi que notre Seigneur veut par là nous introduire dans l’Amour de Dieu qui ne connaît pas de limites et qui est toujours prêt à pardonner au pécheur repentant : « Revenez à moi et je reviendrai à vous » (Malachie 3, 7). Et encore : « Que l’impie abandonne sa voie, et le criminel ses pensées ; qu’il revienne au Seigneur, et il aura pitié de lui ; à notre Dieu, car il pardonne largement » (Isaïe 55, 7).

(à suivre…)

dimanche 15 avril 2012

Le pardon (2)


Le pardon (2)

Mais la mesure de Dieu n’est pas celle des hommes. « Un jour pour le Seigneur est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour » (1 Pierre 3, 8). Et le Seigneur pourrait nous adresser bien souvent ce reproche : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais uniquement celles des hommes » (Matthieu 16, 23). C’est pourquoi Pierre écoute la réponse du Christ avec stupéfaction : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix-sept fois sept fois » (Matthieu 18, 22). Il est totalement estomaqué, parce qu’il perçoit que cela signifie indéfiniment, toujours, sans la moindre limitation d’aucune genre. Lui qui s’imaginait avoir fait un grand pas en avant en arrivant à sept fois, il se sent tout petit. Il comprend qu’il a encore du chemin à parcourir pour suivre pleinement le Maître, qu’il doit apprendre beaucoup.
Jésus enseigne à ne pas mettre de limite à l’amour fraternel (lire la suite) et à agir avec bonté envers tous, comme Dieu « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur ceux qui ne le sont pas » (Matthieu 5, 45). Qui sait si, du coup, quelques-uns des méchants ne finiront pas par changer de comportement ?
Ce que Lamek avait dit à ses femmes dans les temps anciens était manifestement tombé dans l’oubli : « Sept fois Caïn sera vengé, mais Lamek septante fois sept fois » (Genèse 4, 24). Cela se perdait dans la nuit des temps. Et qui donc en Israël s’en souvenait ? Alors Pierre est excusable de ne pas se le rappeler. Peut-être a-t-il tout simplement voulu s’aligner sur l’affirmation du livre sacré : « Le juste tombe sept fois » (Proverbes 24, 16).
Jésus ne se limite pas à fixer une mesure. Il précise encore comment la mettre en pratique. Pierre comprend que sa portée est quasiment illimitée. Il doit découvrir aussi qu’elle est d’une application permanente, à répétition, s’il le faut. Parce que la charité, la plus grande des vertus (cf. 1 Corinthiens 13, 13), d’où procède le pardon des offenses commises par autrui et de ses comportements en soi répréhensibles, « excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout » (1 Corinthiens 12, 7).
De plus, Pierre pouvait-il ignorer que « l’amour couvre toutes les fautes » (Proverbes 10, 12) ? J’allais dire que c’était le b-a-BA des enfants d’Israël.

(à suivre…)

samedi 14 avril 2012

Le pardon (1)


Le pardon (1)

« Alors Pierre s’approcha et lui dit : « Seigneur, si mon frère pèche contre moi, combien de fois devrai-je lui pardonner ? » (Matthieu 18, 21). Il a pris le temps de méditer sur la prière que le Seigneur leur a enseignée un jour, à la demande de ses apôtres : « Seigneur, apprend-nous à prier, comme Jean a appris à ses disciples » (Luc 11, 1). Le « Notre Père » qu’il leur a remis alors contient cette demande : « Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs » (Matthieu 6, 12), ou bien « remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit » (Luc 11, 4). Quel contraste vigoureux avec la loi du talion alors en vigueur ? Cela avait fortement frappé ses auditeurs. Jésus les avait d’ailleurs préparés en leur annonçant : « N’allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes. Je ne suis pas venu les abroger, mais les parfaire » (Matthieu 5, 17). Et il avait alors précisé : (lire la suite) « Vous avez entendu qu’il a été dit : « Œil pour œil, dent pour dent. » Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Quelqu’un te frappe-t-il sur la joue droite, présente-lui encore l’autre » (Matthieu 6, 38-39).
Nous imaginons facilement Pierre et les autres apôtres réfléchissant à cet horizon exigeant de pardon et de charité que Jésus met sous leurs yeux. Mais Simon-Pierre n’a pas encore pleinement saisi que « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 16), et qu’il va les aimer jusqu’au bout (cf. Jean 13, 1), indiquant par là comment ils doivent s’aimer les uns les autres (cf. Jean 13, 34). Il pense qu’il doit quand même y avoir une limite à ce pardon du prochain, et que si celui-ci récidive dans le mal, le moment arrive où l’on n’est plus tenu de pardonner, car la situation est devenue réellement intolérable. Il se dit qu’il va interroger le Seigneur sur ce point. Il tourne et retourne sa question afin de ne pas paraître ridicule. Il pense calculer large et il formule sa demande avec une portée qui lui semble très exagérée, avec le secret espoir que Jésus rabaissera la barre et sera plus coulant : « Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et que j’aie à lui pardonner ? Est-ce jusqu’à sept fois ? » (Matthieu 18, 21). Jusqu’à sept fois. Cela lui paraît considérable. Il n’envisage pas l’hypothèse qu’il puisse s’agir de sept fois le même jour ! Ca non ! Mais sept fois dans la vie, c’est déjà héroïque de son point de vue. Il faut bien reconnaître que dans le milieu ambiant cela passera effectivement pour de la folie.

(à suivre…)

vendredi 13 avril 2012

Découragement


Découragement

Nous pouvons nous décourager parce que nous avons parfois l’impression de tourner en rond ou, ce qui est pire, de régresser, de revenir plus ou moins en arrière, et donc de devoir regagner des positions que l’on pensait acquises une bonne fois pour toutes. Cela montre tout simplement que ce n’est pas le cas et que nul ne peut se reposer sur ses lauriers. Car qui cesse de lutter régresse immanquablement.
Mais en dehors de cette réalité, l’impression peut prévaloir, malgré une lutte ascétique réelle, que les efforts fournis ne sont pas couronnés de succès et que l’on se bat en quelque sorte contre des moulins à vent. C’est vain et épuisant !
C’est un sentiment purement subjectif, qu’il faut savoir dépasser avec humilité. C’est-à-dire qu’il est nécessaire de nous accepter tels que nous sommes et de comprendre que les progrès de la vie intérieure ne se produisent pas à coups de volontarisme, (lire la suite) mais par l’amour de Dieu que nous mettons dans tout ce que nous entreprenons. Et que ces avancées ne peuvent pas être purement linéaires.
Se décourager ne mène nulle part. ou, plus exactement, c’est une manifestation d’orgueil blessé. La grande tentation du diable consiste à nous faire désespérer de notre salut et à nous faire douter de la bonté et de la miséricorde de notre Dieu qui est un Dieu d’Amour (1 Jean 4, 16). Nous voyons bien ce que cela a produit chez Adam et Eve, ou bien plus encore chez Judas l’Iscariote.
Il est bien préférable de suivre le conseil du Serviteur de Dieu Alvaro del Portillo pour le moment où cette tentation de lassitude et de découragement surviendrait, nous menacerait dans notre fidélité à la Volonté de Dieu. Il nous suggérait de remercier alors Dieu de nous avoir « choisis en lui dès avant la création du monde », c’est-à-dire de toute éternité » (Éphésiens 1,4).
Si nous savons rendre grâce à Dieu – et il est bon, il serait même normal de le faire pour tout, absolument tout, car « tout est grâce », comme ma grand-mère aimait le répéter, dans sa vision chrétienne de la vie -, si nous rendons grâce à Dieu, nous ne nous fatiguerons pas d’aimer et de nous sacrifier par amour. Car c’est bien à cela, en définitive, que se ramène toute notre vie. Et donc l’effort de chaque instant pour « faire ce qui plaît à Dieu » (Tobie 4, 10 ; Jean 8, 29), même si nous parvenons pas à chaque instant autant ou aussi bien que nous le voudrions.

jeudi 12 avril 2012

Messe en l'honneur de Jeanne d'Arc


Messe en l'honneur de Jeanne d'Arc


Samedi 14 avril, à 10h30

en la cathédrale Notre-Dame de Reims

je célèbre une messe en l'honneur de sainte Jeanne d'Arc

pour le 600e anniversaire de sa naissance

à la demande de l'Association Internationale Jeanne d'Arc

mercredi 11 avril 2012

Les saints et Dieu (2)


Les saints et Dieu (2)

Nous nous trouvons dans les mains de Dieu dès ici-bas, avec l’assurance, la certitude morale que, si nous ne nous en échappons pas par caprice, par stupidité, par un sens bien mal compris de notre liberté, il nous fera franchir, le moment venu, la distance qui nous sépare de l’autre monde. « C’est moi qui suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, fut-il mort, revivra » (Jean 11, 25). Voilà qui est clair. Nous le savons et le confessons, « toi seul a les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68). Et celle-ci en est une. Une parole réconfortante à l’heure de l’effort et des tempêtes plus ou moins grandes qui se lèvent dans notre âme. Il existe un au-delà de félicité auquel tu nous a destinés et que tu as fait commencer en ce bas monde…
À mes brebis, dit notre Seigneur, « je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de mes mains » (lire la suite) (Jean 10, 28). Nous avons ici une autre promesse, une nouvelle source de sérénité et de paix. Ce n’est pas seulement de la fin des temps dont il est question, du retour du Christ dans sa gloire, quand « apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme, et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l’homme arriver sur les nuées avec beaucoup de puissance et de gloire. Et il enverra ses anges au son de la grande trompette, et ils rassembleront ses élus des quatre coins de l’horizon, d’une extrémité des cieux à l’autre » (Matthieu 24, 30-31). Lorsque le Fils de l’homme aura « pris place sur son trône glorieux », les douze apôtres siégeront, eux aussi, « sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël » (Matthieu 19, 28). Alors « tous les saints [viendront] avec toi » (Zacharie 14, 5).
Ce n’est pas seulement de ce moment dont il est question lorsqu’il est dit, Seigneur, que « tous les saints sont dans ta main » (Deutéronome 33, 3). Ce s’applique dès maintenant. Cela concerne notre vie de tous les jours, puisque tu affirmes : « Ma main les soutiendra et mon bras les fortifiera » (Psaume 89, 22). L’on a pu dire de Jean-Baptiste que « la main du Seigneur était avec lui » (Luc 1, 66). Mais cela est vrai de tous les enfants de Dieu. C’est à chacun de nous que le Tout-Puissant, qui est un Père infiniment aimant, infiniment épris de nous, un par un, c’est à tous et à chacun en particulier qu’il promet : « De l’ombre de ma main je te couvre » (Isaïe 51, 16).
Que voulons-nous d’autre ? Cela ne nous suffit-il pas ? Écoutons alors ce qui est dit encore de notre Seigneur, du Fils Bien-Aimé de notre Père céleste : « Tu lui as donné pouvoir sur toute créature pour qu’il donne la vie éternelle à la totalité de ceux dont tu lui as fait don » (Jean 17, 2). C’est définitif. Il n’y a plus rien à dire. Il ne reste qu’à poursuivre notre chemin en compagnie du Seigneur, avec joie, la joie qui est une caractéristique essentielle et distinctive des enfants de Dieu.

(fin)

mardi 10 avril 2012

Les saints et Dieu (1)


Les saints et Dieu (1)

« Tous les saints sont dans ta main » (Deutéronome 33, 3). Telle est une partie de la bénédiction que Moïse prononce sur les enfants d’Israël avant de mourir et de se réunir avec notre Dieu.
Que pouvons-nous espérer de meilleur qu’être entre les mains de Dieu, qu’être protégé par lui et être l’objet de ses soins attentionnés à tout instant ? C’est l’assurance de la paix intérieure, de la sérénité au milieu des épreuves, de la bonne orientation pour la navigation de cette vie. « Quant aux âmes des justes, elles sont entre les mains de Dieu, et aucun tourment ne les atteindra » (Sagesse 3, 1). (lire la suite)
L’âme des justes n’a donc rien à craindre. Certes, les épreuves de la vie ne leur sont pas épargnées. Elles sont salutaires et donc nécessaires pour progresser sur la voie de la sainteté. Mais c’est des tourments éternels dont il est question ici, de ceux dont les âmes infidèles souffrent éternellement en enfer. Cet enfer dont certains ne veulent pas entendre parler, peut-être parce qu’ils reconnaissent inconsciemment qu’ils sont destinés à y tomber s’ils ne rectifient pas, s’ils ne changent pas de mode de vie, de conduite, ce qu’ils ne sont précisément pas disposés à faire…
La promesse du Seigneur s’applique : « J’ai veillé, et aucun d’eux ne s’est perdu, en dehors du fils de perdition » (Jean 17, 12), c’est-à-dire en dehors de ceux qui ne veulent pas entendre et suivre le sifflet du Bon Pasteur (cf. Jean 10, 1-18) qui les invite à entrer dans son bercail.
Mais nous, nous comprenons que « quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11, 26), car « telle est la promesse que Lui-même nous a faite : la vie éternelle » (1 Jean 2, 25). C’est à cela qu’il nous a appelés. C’est pour cela que le Seigneur est mort sur la Croix. Et c’est pour cela que nous nous sommes attachés à lui et nous ne voulons pas nous en séparer. Même si, dans les faits, nous nous écartons souventes fois de lui par le péché. Mais nous revenons aussitôt à lui et nous lui demandons son pardon dans le sacrement de la réconciliation, parce que nous ne savons pas nous passer de lui. « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5). Ce n’est que trop vrai.
Le témoignage que nous avons reçu « c’est que Dieu nous as donné la vie éternelle et que cette vie est en son Fils » (1 Jean 5, 11), lequel s’est justement présenté comme étant la Vie (cf. Jean 14, 5). « Celui qui met en pratique ce que je dis ne verra jamais la mort » (Jean 8, 51). C’est là une Parole divine, une promesse du Christ, qui ne peut faillir. Des arrhes de cette vie éternelle nous sont données par le même Christ notre Seigneur, qui s’offre en nourriture pour notre âme dans l’Eucharistie. De sorte que nous comprenons et nous expérimentons déjà la réalité, l’authenticité de ces paroles. Et notre Seigneur précise que « la volonté de celui qui m’a envoyé est que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour » (Jean 6, 39).

(à suivre…)

dimanche 8 avril 2012

Pâques


Pâques

L’Église exulte de joie aujourd’hui, car le Seigneur qui était mort est ressuscité. « Une fois ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus : la mort sur lui n’a plus d’empire » (Romains 6, 9). Le Seigneur Jésus est vivant ! « Hier et aujourd’hui Jésus-Christ est le même, et il l’est pour l’éternité » (Hébreux 13, 8). Sa Résurrection est en quelque sorte permanente, comme saint Athanase l’Apostolique l’explique das un de ses sermons : (lire la suite)
« La grâce de la fête de Pâque n'est pas limitée à une époque, et sa splendide lumière ne souffre pas de déclin. Le Sauveur est toujours prêt à éclairer l'esprit de ceux qui le veulent. Sa puissance brille continuellement en ceux dont l'âme est éclairée et qui s'appliquent aux Livres Saints jour et nuit.
Cette fête nous dirige au milieu des épreuves qui nous assaillent en ce monde, maintenant Dieu nous procure la joie du salut qui émane de cette fête. En effet, il nous réunit en une seule Église, dans un rendez-vous spirituel qui se réalise partout ; il nous permet de prier en commun, d'offrir ensemble l'Eucharistie, comme il faut le faire un jour de fête. C'est le miracle de sa bonté : Lui-même rassemble pour cette fête ceux qui sont loin, et ceux qui peuvent être distants corporellement, il les rapproche dans l'unité de la foi. »

Saint Athanase l'Apostolique, Cinquième lettre pascale.

samedi 7 avril 2012

Samedi Saint et Marie


Samedi Saint et Marie

Le Samedi Saint, Marie est la seule à maintenir le flambeau de la foi. Elle croit en son Fils. Elle sait qu’il ressuscitera. Elle attend patiemment et prie, alors que les apôtres et les disciples sont tous effondrés, presque désespérés.

Dans les pages qui précèdent, Marie, la Mère de Jésus, n’est guère évoquée. Par respect pour sa sainteté insigne, afin de ne pas déflorer son intimité toute spéciale de Fille de Dieu le Père, Mère de Dieu le Fils et Épouse de Dieu le Saint-Esprit. Par sa sainteté, Marie « touche à la divinité », elle la frôle d’aussi près qu’une créature peut rejoindre son Créateur. (lire la suite)
Mais la Sainte Vierge est présente à l’arrière-plan, quand elle doit rester effacée, discrète, coopérant à la mission du Seigneur par la prière et le service. Elle est projetée sous les feux de la rampe aux heures tragiques, pour apporter à son Fils le réconfort dont son Cœur si vaste — un véritable océan d’Amour — est capable.
Aux heures de la Passion, elle dit à Jésus :
— Ne crains pas ce bourreau, mais sois digne de tes frères et accepte la mort, afin que je te recouvre, avec tes frères, par la miséricorde (2 M 7, 29).
C’est ce qui s’est accompli au Calvaire, quand l’heure a sonné de passer de ce monde à son Père (Jn 13, 1).
La vie de Jésus est inséparable de celle de sa Mère. Bien des traits de sa personnalité, des gestes de la vie courante, des expressions de sa façon de parler, lui viennent de Joseph et, plus encore, de Marie. C’est à l’école de Marie que nous devons donc nous mettre, si nous voulons ressembler à notre Seigneur Jésus-Christ. Ô Marie, assurément, vous êtes l’exaltation de Jérusalem, vous êtes la grande fierté d’Israël, vous êtes la grande gloire de notre race. […] Soyez bénie de la part du Seigneur Tout-Puissant (Jdt 15, 9-10).

Post-face de D. Le Tourneau, Vivre la Passion avec ses acteurs, Parole et Silence.

vendredi 6 avril 2012

Vivre la Passion


Vivre la Passion

Saint Grégoire de Nazianze écrivait :
« Si tu es Simon de Cyrène, prends la Croix et suis-le.
Si tu es crucifié avec lui, comme le malfaiteur, reconnais, comme cet homme juste, qu’il est Dieu. Si lui-même a été compté parmi les pécheurs à cause de toi et de ton péché, toi, deviens un homme juste à cause de lui. […]
Si tu es Joseph d’Arimathie, réclame le Corps à celui qui l’a fait mettre en croix ; que ton souci soit le rachat du monde.
Si tu es Nicodème, cet adorateur nocturne de Dieu, mets-le au tombeau avec les parfums. Si tu es l’une des saintes femmes, (lire la suite) l’une ou l’autre Marie, si tu es Salomé ou Jeanne, va le pleurer de grand matin. Sois la première à voir la pierre enlevée, à voir peut-être les anges, et Jésus lui-même » (Homélie pour la Pâque).
Pour sa part, saint Pierre d’Alcantara donnait le conseil suivant : « Aie toujours sous tes yeux l’image de ce Seigneur, telle qu’elle fut d’abord, et l’excellence de ses vertus. […] Et après l’avoir regardé, et avoir contemplé avec ravissement cette figure si parfaite, tourne ton regard pour le voir tel qu’il est ici […]. Regarde-le tout entier du dedans et du dehors […]. Et ne considère pas cela comme quelque chose du passé, mais bien comme quelque chose du présent ; non pas comme la souffrance de quelqu’un d’autre, mais bien comme la tienne » (Traité de la prière et de la méditation).
Leur font écho les conseils maintes fois prodigués par saint Josémaria Escriva, fondateur de l’Opus Dei, de revivre les scènes de la vie de Jésus-Christ en y prenant part et à la voir se dérouler comme dans un film :
« En ouvrant le saint Évangile, songe que ce qui est rapporté — les œuvres et les paroles du Christ —, tu ne dois pas seulement le savoir, mais le vivre. Tout, chacun des points relatés a été recueilli dans le moindre détail, pour que tu l’incarnes dans les circonstances concrètes de ton existence.
— Le Seigneur nous a appelés, nous autres catholiques, pour que nous le suivions de près et, dans ce Texte saint, tu découvriras la Vie de Jésus. Mais en outre tu dois y découvrir ta propre vie.
Toi aussi, tu apprendras à demander, plein d’Amour comme l’Apôtre : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ?… » — La volonté de Dieu ! c’est ce que tu entends de façon très nette au fond de ton âme.
Eh bien, prends l’Évangile tous les jours, et lis-le, vis-le comme une norme à suivre. — C’est ainsi qu’ont procédé les saints » (Forge).
Le pape Paul VI estimait, quant à lui, que « l’exemple de la Tradition et l’action intime de l’Esprit poussent les chrétiens de notre temps à se servir toujours davantage de la Bible comme du livre fondamental de la prière, et à en tirer une véritable inspiration et des modèles incomparables » (enc. Marialis cultus).

Extrait de l’avant-propos de D. Le Tourneau, Vivre la Passion avec ses acteurs, Parole et Silence.