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mardi 18 novembre 2014

Evangile et Histoire

Evangile et Histoire

La pratique de l’histoire m’a aidée à mieux comprendre l’Église, et donc à mieux comprendre comment la foi est à l’œuvre dans le monde ; inversement, les exigences de vérité qu’il y a dans l’Évangile m’ont guidée et encouragée dans ma pratique d’historienne. Un de nos professeurs aux Chartes, Léon Levillain, nous donnait l’Évangile comme exemplaire du point de vue de l’historien. Quatre témoins dont deux sont des témoins oculaires, rapportent les mêmes faits et gestes, avec des petites divergences de l’un à l’autre. Ces divergences, qui témoignent de la personnalité différente de chacun d’eux (lire la suite) – Matthieu, un Juif très pénétré des traditions bibliques, Luc, cultivé, qui présente les faits avec un certain raffinement, Marc plus simple, un peu abrupt dans ses exposés, tandis que Jean déclare dès le début son intention de compléter les récits des autres – prouvent qu’il ne peut s’agir d’un texte simplement répété ou recopié de l’un à l’autre, et que nous nous trouvons bien en présence de quatre sources authentiques / L’Évangile, loin de s’opposer à la recherche de la vérité, en fait une condition de la foi. Pour l’historien chrétien, faire intervenir abusivement ses convictions religieuses, en dissimulant ou en déformant les faits lorsqu’ils gênent, ce serait non seulement un manquement à l’objectivité, mais aussi un manque de foi. […] // Si j’étais disposée dès l’enfance à accepter les vérités de la foi, je crois en revanche que j’aurais résolument rejeté l’Église, une fois arrivée à l’âge adulte, si je n’avais pas fait l’École des chartes. C’est au contact avec l’Église des temps médiévaux – celle qui a interdit de tuer les petites filles à la naissance, fait disparaître l’esclavage, créé les hôpitaux et le droit d’asile – qui m’a conduite à l’accepter malgré ses graves fautes ultérieures et l’indignité de beaucoup de ses membres. L’Église loui-quatorzième avec sa hiérarchie et els ors de la chapelle de Versailles ne doit pas faire oublier la vraie société des baptisés, vivante et chaleureuse, qu’elle était au temps des églises romanes. On si très bien dans les documents comment l’évolution s’est faite, de Charles VII au fatal concordat de 1516, qui a livré l’Église au pouvoir temporel (R. Pernoud, Villa Paradis, Paris, Stock, 1992, p. 275-276).

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