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vendredi 14 mars 2008

Clement d'Alexandrie (3)


Clément d'Alexandrie (3)

Deux vertus enrichissent en particulier l'âme du « véritable gnostique ». La première est la liberté vis-à-vis des passions (apátheia) ; l'autre est l'amour, la véritable passion, qui assure l'union intime avec Dieu. L'amour donne la paix parfaite, (lire la suite) et met le « véritable gnostique » en mesure d'affronter les plus grands sacrifices, même le sacrifice suprême, à la suite du Christ, et le fait monter degré après degré jusqu'au sommet des vertus. Ainsi, l'idéal éthique de la philosophie antique, c'est-à-dire la libération vis-à-vis des passions, est redéfini et conjugué avec amour par Clément, dans le processus incessant d'assimilation à Dieu.
De cette façon, l'Alexandrin crée la deuxième grande occasion de dialogue entre l'annonce chrétienne et la philosophie grecque. Nous savons que saint Paul à l'Aréopage, à Athènes,Clément est né, avait effectué la première tentative de dialogue avec la philosophie grecque - qui avait été en grande partie un échec -, mais ils lui avaient dit : « Nous t'écouterons une autre fois. » À présent, Clément reprend ce dialogue et l'ennoblit au plus haut degré dans la tradition philosophique grecque. Comme l'a écrit mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II dans l'Encyclique Fides et ratio, Clément d'Alexandrie parvient à interpréter la philosophie comme « une instruction propédeutique à la foi chrétienne » (n° 38). Et, de fait, Clément est arrivé au point de soutenir que Dieu aurait donné la philosophie aux Grecs « comme un Testament qui leur est propre » (Strom. 6, 8, 67, 1). Pour lui, la tradition philosophique grecque, presque comme la Loi pour les Juifs, est un lieu de « révélation », ce sont deux courants qui, en définitive, vont vers le Logos lui-même. Ainsi, Clément continue à indiquer avec décision le chemin de celui qui entend « donner raison » de sa propre foi en Jésus Christ. Il peut servir d'exemple aux chrétiens, aux catéchistes, aux théologiens de notre époque, à qui Jean-Paul II, dans la même encyclique, recommandait de « reprendre et mettre en valeur le mieux possible la dimension métaphysique de la vérité afin d'entrer ainsi dans un dialogue critique et exigeant avec la pensée philosophique contemporaine ».
Nous concluons, en faisant nôtres quelques expressions de la célèbre « prière au Christ Logos », avec laquelle Clément conclut son Pédagogue. Il supplie ainsi : « Sois propice à tes fils » ; « Accorde-nous de vivre dans ta paix, d'être transférés dans ta ville, de traverser sans en être submergés les flux du péché, d'être transportés au calme auprès de l'Esprit Saint et de la Sagesse ineffable : nous qui, nuit et jour, jusqu'au dernier jour, chantons un chant d'action de grâce à l'unique Père,... au Fils pédagogue et maître, avec l'Esprit Saint. Amen ! » (Ped. 3, 12, 101).

Benoît XVI, Audience générale, 18 avril 2007.

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