Saint Ignace d'Antioche (3)
Saint Ignace d'Antioche (3)
D'une manière générale, on peut percevoir dans les Lettres d'Ignace une sorte de dialectique constante et féconde entre les deux aspects caractéristiques de la vie chrétienne : d'une part, la structure hiérarchique de la communauté ecclésiale, et de l'autre, l'unité fondamentale qui lie entre eux les fidèles dans le Christ. Par conséquent, les rôles ne peuvent pas s'opposer. Au contraire, l'insistance sur la communauté des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers des images et des analogies éloquentes : la cithare, la corde, l'intonation, le concert, la symphonie. (lire la suite) La responsabilité particulière des Evêques, des prêtres et des diacres dans l'édification de la communauté est évidente. C'est d'abord pour eux que vaut l'invitation à l'amour et à l'unité. « Ne soyez qu'un, écrit Ignace aux Magnésiens, en reprenant la prière de Jésus lors de la Dernière Cène : « Une seule supplique, un seul esprit, une seule espérance dans l'amour; accourez tous à Jésus-Christ comme à l'unique temple de Dieu, comme à l'unique autel ; il est un, et procédant du Père unique, il est demeuré uni à Lui, et il est retourné à Lui dans l'unité » (7, 1-2). Ignace, le premier dans la littérature chrétienne, attribue à l'Église l'adjectif de « catholique », c'est-à-dire « universelle » : « Là où est Jésus-Christ, affirme-t-il, là est l'Église catholique » (Smyrn. 8, 2). Et c'est précisément dans le service d'unité à l'Église catholique que la communauté chrétienne de Rome exerce une sorte de primat dans l'amour : « À Rome, celle-ci préside, digne de Dieu, vénérable, digne d'être appelée bienheureuse... Elle préside à la charité, qui reçoit du Christ la loi et porte le nom du Père » (Romains, prologue).Comme on le voit, Ignace est véritablement le « docteur de l'unité » : unité de Dieu et unité du Christ (au mépris des diverses hérésies qui commençaient à circuler et divisaient l'homme et Dieu dans le Christ), unité de l'Église, unité des fidèles « dans la foi et dans la charité, par rapport auxquelles il n'y a rien de plus excellent » (Smyrn. 6, 1). En définitive, le « réalisme » d'Ignace invite les fidèles d'hier et d'aujourd'hui, il nous invite tous à une synthèse progressive entre la configuration au Christ (union avec lui, vie en lui) et le dévouement à son Église (unité avec l'évêque, service généreux de la communauté et du monde). Bref, il faut parvenir à une synthèse entre communion de l'Église à l'intérieur d'elle-même et mission proclamation de l'Évangile pour les autres, jusqu'à ce que, à travers une dimension, l'autre parle, et que les croyants soient toujours davantage « dans la possession de l'esprit indivis, qui est Jésus Christ lui-même » (Magn. 15). En implorant du Seigneur cette « grâce de l'unité », et dans la conviction de présider à la charité de toute l'Église (cf. Romains, prologue), je vous adresse le même souhait que celui qui conclut la lettre d'Ignace aux chrétiens de Tralles : « Aimez-vous l'un l'autre avec un cœur non divisé. Mon esprit s'offre en sacrifice pour vous, non seulement à présent, mais également lorsqu'il aura rejoint Dieu... Dans le Christ, puissiez-vous être trouvés sans tache » (13). Et nous prions afin que le Seigneur nous aide à atteindre cette unité et à être enfin trouvés sans tache, car c'est l'amour qui purifie les âmes.
Benoît XVI, Audience générale, 14 mars 2007.
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