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mardi 12 mai 2009

La tiédeur (2)

La tiédeur (2)

Le deuxième exemple provient, lui aussi, d'une parabole. Un pharisien monte au Temple de Jérusalem en même temps qu'un publicain, « et il se mit à prier ainsi en lui-même : « Ô Dieu ! Je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, malhonnêtes, adultères, ni encore comme ce publicain » (Luc 18, 11), sous-entendu un voleur et un pécheur de première catégorie, dont il est exclu qu'il puisse se sauver, Moi, « je jeûne deux fois la semaine, je paye la dîme sur tout ce que j'acquiers » (Luc 18, 12). Il aurait pu ajouter : (lire la suite) « En plus de cela, je monte régulièrement au Temple pour prier. »
Vu de l'extérieur, nous avons affaire à quelqu'un d'exemplaire, à un modèle de fidélité à la Loi et de sainteté. Telles sont les apparences, en effet. Mais tout cela est ruiné par un orgueil fou, démesuré, par la prétention - ridicule en elle-même, mais l'orgueil aveugle toujours sur son propre cas - d'être un exemple unique de perfection. Tous les autres hommes ne sont que des chenapans et des misérables, alors que moi, et moi seul, je suis quelqu'un de bien !
Là aussi la fidélité est réelle, comme dans le cas du frère aîné du fils prodigue. Le pharisien va même au-delà de ce que la Loi lui demande. Ce n'est sans doute pas par nature qu'il jeûne et se montre généreux avec ses biens. Mais s'il se prive de nourriture et d'argent, ce n'est nullement pour rendre gloire à Dieu et lui offrir un sacrifice d'agréable odeur (cf. Éphésiens 5, 2), pas plus que pour venir en aide aux besoins de son prochain. C'est uniquement pour pouvoir se gargariser de ses actes, se déclarer satisfait de ce qu'il a accompli, s'ériger en juge bienveillant et complaisant de sa vie. Aussi ne redescendit-il pas justifié chez lui (cf. Luc 18, 14).
Être chrétien, ce n'est évidemment pas cela. Ce n'est pas un vernis trompeur qui recouvre de la vermine. Mais nous courrons le risque de nous décerner des satisfecit au prétexte que nous prions plus, que nous nous sacrifions plus que tel ou tel, sans nous soucier de savoir si Dieu n'attend pas autre chose, davantage, ni de faire à Dieu une petite place dans notre vie pour détrôner notre superbe. À quoi bon être infatué de soi et jouer au paon, si c'est pour se condamner ! Quel profit tirera-t-il de ses jeûnes, de ses aumônes et de ses prières s'ils n'ont servi quà aiguiser son appétit d'égocentrisme ?

(à suivre...)

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