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jeudi 14 mai 2009

La tiédeur (4)

La tiédeur (4)

J'ajoute un quatrième personnage, également pris sur le vif. Il s'agit cette fois-ci de quelqu'un qui sert Dieu directement, qui travaille pour le Seigneur. C'est une amie de Jésus, Marthe, une des sœurs de Lazare chez qui il est descendu comme chaque fois qu'il passe par Béthanie. Jésus sait qu'il y trouvera toujours le gîte et le couvert, mais surtout l'affection de la famille. Ses arrivées ne sont pas vraiment programmées. Elles dépendent de ses virées évangélisatrices qui le sollicitent parfois plus que prévu et (lire la suite) se prolongent, car « partout où il entrait, dans les bourgs, dans les villes comme dans les fermes, on mettait les malades sur les places. Ils le priaient de les laisser toucher ne fût-ce que le bord de son vêtement, et tous ceux qui pouvaient le toucher étaient guéris » (Marc 6, 56).
Dès qu'elle a su que Jésus arrivait avec ses apôtres, Marthe s'est mise au travail. Cela faisait beaucoup de bouches à nourrir. Il n'y avait pas de temps à perdre. Elle s'active donc, et sa sœur Marie avec elle. Mais une fois le Seigneur dans leurs murs, et les salutations et les signes de bienvenue échangés, Marthe retourne à son fourneau tandis que Marie « s'était assise aux pieds du Seigneur et l'écoutait parler » (Luc 10, 39). Marthe a beau lui lancer des clins d'œil et traîner les pieds quand elle passe à proximité, rien n'y fait. Sa sœur l'ignore complètement. Elle boit les paroles du Maître.
Alors, voyant qu'elle n'arriverait pas à bout de tout le travail en temps voulu, excédée, Marthe, sans aucun ménagement - ce qui est malgré témoigne du degré de confiance qu'elle a avec Jésus -, « dit brusquement : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse faire le service toute seule ? » (Luc 10, 40). Elle s'enhardit même à commander : « Dis-lui donc de me venir en aide » (Ibid.).
Jésus s'est amusé de son manège puéril. Mais là, il ne laisse pas passer l'occasion de former ses amis - et nous-mêmes - en montrant quel est l'ordre des priorités : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes pour bien des choses, alors qu'il n'est besoin que d'une seule » (Luc 10, 41-42), sous-entendu la sainteté, vivre dans ma compagnie. Le reste peut attendre, et même doit attendre. Si tu m'écoutais comme Marie, nous aurions tous mis la main à la pâte avec toi, et tout aurait été réglé en un quart de tour. Mais au lieu de cela, te voilà jalouse. « C'est Marie qui a choisi la meilleure part, et elle ne lui sera pas enlevée » (Luc 10, 42).
Marthe pensait bien faire et mettait tout son cœur à préparer le repas, ou presque tout son cœur, parce que la jalousie y nichait, qui enlevait toute valeur surnaturelle à son travail. Elle agissait en définitive plus pour être contente d'elle-même que pour Jésus, pour montrer ce dont elle était capable que pour permettre au Seigneur de se reposer.
Là non plus, nous n'avons pas un exemple de christianisme. Cette fois, nous voyons qu'il ne suffit pas de travailler réellement pour Dieu pour lui plaire. Il faut le faire dans une droiture d'intention totale, vraiment pour la gloire de Dieu, de façon désintéressée, non pour briller aux yeux des hommes, fussent-ils Jésus et ses apôtres.

(à suivre...)

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