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mardi 27 avril 2010

La sensibilité de Jésus (6)


L'émotion peut être motivée par une peine qu'un événement cause à Jésus, comme la mort de son ami Lazare : Arrivé à l'endroit où était Jésus, Marie, en le voyant, tomba à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » Quand Jésus la vit pleurer, et pleurer aussi les Juifs qui l'avaient accompagnée, il eut un frémissement intérieur et fut gagné par l'émotion. « Où l'avez-vous mis ? » dit-il. On lui dit : « Seigneur, viens voir. » Jésus versa des larmes » (Jean 11, 32-35). À cela, il y a un remède, qui consiste à ressusciter Lazare. Jésus peut le faire. La décision dépend de lui. Et c'est ce qu'il fait : « Il cria à pleine voix : « Lazare, viens dehors ! » » Et le mort sortit, les pieds et les mains entourés de bandelettes et le visage enveloppé d'un suaire » (Jean 11, 43-44). Il peut s'agir aussi d'une profonde douleur du Cœur de Jésus, suscitée par l'ingratitude et l'indifférence des hommes. Là, le changement dépend d'eux. Or, Jésus doit se rendre à l'évidence : ils ne veulent pas le reconnaître pour le Messie Sauveur. « Maître, nous savons que tu parles et enseignes en toute droiture et que tu ne tiens pas compte des apparences, mais que tu enseignes la voie de Dieu en toute vérité » (Luc 20, 21). Et pourtant, ils ne croient pas en lui. Ils refusent de le reconnaître le Fils de Dieu. Et Jésus se lamente, il pleure à chaudes larmes et sanglote sur Jérusalem qui, égarée par les princes des prêtres et les pharisiens, méconnaît le jour où elle a été visitée : « Quand il fut proche de la ville, en la voyant, il pleura et dit : « Si en jour-ci, dit-il, tu avais reconnu, toi aussi, le message de paix ! Mais il est resté caché à tes yeux. Oui, le temps va venir pour toi, où tes ennemis établiront contre toi des retranchements, t'investiront et t'enserreront de tous côtés » (Luc 19, 41-42). Jésus a prophétisé, non sans amertume et douleur, les conséquences que ce refus de l'accueillir va entraîner : « Ils te jetteront à terre, toi et tes enfants qui seront dans tes murs, et ils ne laisseront pas chez toi pierre sur pierre, parce que tu n'auras pas reconnu le moment où tu étais visitée » (Luc 19, 43-44). Jésus souffre de ce gâchis. Le diable sème la zizanie et la haine depuis qu'en péchant, Adam et Ève ont fait naître dans le cœur de l'homme la logique du soupçon contre Dieu à la place de celle de l'amour. «l'homme est fragilisé par une blessure profonde qui diminue sa capacité à entrer en communion avec l’autre. Naturellement ouvert à la réciprocité libre de la communion, il découvre en lui une force de gravité étonnante qui l’amène à se replier sur lui-même, à s’affirmer au-dessus et en opposition aux autres : il s’agit de l’égoïsme, conséquence du péché originel. Adam et Ève ont été séduits par le mensonge du Satan. En s’emparant du fruit mystérieux, ils ont désobéi au commandement divin. Ils ont substitué une logique du soupçon et de la compétition à celle de la confiance en l’Amour, celle de l’accaparement anxieux et de l’autosuffisance à celle du recevoir et de l’attente confiante vis-à-vis de l’autre (cf. Genèse 3, 1-6) de sorte qu’il en est résulté un sentiment d’inquiétude et d’insécurité. Comment l’homme peut-il se libérer de cette tendance égoïste et s’ouvrir à l’amour ? » (Benoît XVI, Message pour le carême 2010).

(à suivre...)

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