Face à la mort
Face à la mort
Je poussai un long cri de bête prise au piège. L'instant d'après, la haine avait chassé ma douleur. Pourtant, le poing encore tendu vers le ciel en un geste vindicatif et dérisoire, je me sentis soudain comme vidé, lavé, débarassé de ma révolte. (lire la suite)Simplement, en brandissant mon poing, j'avais croisé le regard piteux et humble d'un homme qui endurait la même douleur que la mienne. Ma souffrance s'était reflétée sur lui comme dans un miroir et il m'avait renvoyé l'image de sa miséricorde.
Aussitôt, ce fut comme si des écailles m'étaient tombées des yeux.
Mémé semblait plus apaisée, tout à coup. Suspendu au-dessus d'elle, cloué par les mains et les pieds sur sa croix de velours mité, l'homme paraissait me dire à présent : « Oui, ça fait mal, je sais, je suis à ta place. » Je me remémorai les paroles de mémé : « Il faut tout mettre au pied de la croix. » Sous l'effet de la douleur, on peut devenir le bon ou le mauvais larron. La croix, c'est la croisée des chemins. C'est là, à ce carrefour, qu'il ne fau pas se tromper de route.
Henri Tisot, Le fils du pâtissier, Paris, Plon, 1985, p. 178-179.
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