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mardi 23 décembre 2008

Le silence de Jésus (3)

Le silence de Jésus (3)

Mais revenons à la Cananéenne. Face au silence de Jésus, elle ne mollit pas, elle ne s'avoue pas vaincue. L'amour de sa fille est plus fort que le respect humain. Sa foi se moque des remontrances de l'entourage du Maître et de l'ordre de se tenir tranquille et de cesser de les importuner. Elle est convaincue que sa cause est bonne et que Jésus peut chasser le démon comme il en a déjà chassés tant, à ce que l'on dit. Et pourquoi en douterait-elle ?
La raison avancée pour la faire taire est la même que pour Bar Timée, très humaine, égoïste. Les apôtres pensent à leur tranquillité plus qu'à la misère d'autrui. Nous ne valons sans doute pas mieux qu'eux. Ils n'ont pas encore compris les implications de la charité qui, entre autres, « supporte tout » (1 Corinthiens 13, 7). (lire la suite)
Une autre forme de silence est l'absence de réaction apparente de Jésus quand lui parvient la nouvelle que son ami Lazare est sérieusement malade et qu'il est sur le point de mourir. Au lieu de partir séance tenante et d'aller le guérir - c'est bien ce que Marthe et Marie espéraient de lui en lui envoyant le message - il temporise et reste encore « deux jours à l'endroit où il se trouvait » (Jean 11, 6). Il ne donne pas signe de vie. Ce n'est qu'une fois ce délai écoulé qu'il décide enfin de se rendre à Béthanie. Les saintes femmes lui reprochent avec affection et confiance qu'il ne soit pas venu plus tôt : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ! » (Jean 11, 21), car le retard a été fatal au malade.
Dans tous les cas, Jésus sait ce qu'il fait. Cela va de soi, car il est Dieu et tout ce qu'il fait, il le fait à la perfection. Nous devons apprendre que la logique de Dieu n'est pas la nôtre ; que le silence de Dieu n'est qu'apparent ; que ce qu'il nous réserve est mieux que nos aspirations ; qu'en le laissant faire nous ne sommes jamais déçus ; qu'en définitive, il sait mieux que nous ce qui convient dans chaque cas, pour chacun et en toute circonstance. Non seulement la Cananéenne obtient la guérison de sa fille, mais elle a eu l'occasion de faire un acte de foi que Jésus admire : « Ô femme, grande est ta foi ! Qu'il te soit fait comme tu le désires » (Matthieu 15, 28). Quant au fils de Timée, il persévère lui aussi dans une prière pleine de foi et, à Jésus qui finit par lui demander ce qu'il veut, il répond : « Seigneur, que je voie ! » sans la moindre hésitation (Luc 18, 42). Jésus lui dit : « Vois ! » et précise la raison pour laquelle il réalise ce miracle : « C'est ta foi qui t'a sauvé » (Luc 28, 43). Quant à Marthe et à Marie qui se seraient contentées de la guérison de leur frère, après être passée par l'épreuve du deuil elles obtiennent un miracle beaucoup plus spectaculaire, « afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé » (Jean 12, 42), précise Jésus. Faisant face au tombeau dans lequel Lazare se trouve depuis quatre jours déjà, « il cria à pleine voix : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains entourés de bandelettes et le visage enveloppé d'un suaire. Jésus dit : « Défaites-le et laissez-le aller » (Jean 11, 43-44). C'est toujours une question de foi. « Lazare a ressuscité parce qu'il a entendu la voix de Dieu : il n'eut de cesse de sortir aussitôt de l'état où il se trouvait. S'il n'avait pas « voulu » bouger, il serait mort de nouveau. Prendre cette résolution sincère : avoir toujours foi en Dieu ; mettre toujours son espérance, toujours son amour en Dieu..., lui qui ne nous abandonne jamais, même si nous sommes aussi décomposés que Lazare » (saint Josémaria, Forge, n° 211).

(fin)

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