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samedi 12 juillet 2014

Droiture d’intention (6)

Droiture d’intention (6)

Heureusement Élisée est informé de ce qui se passe. « Lorsqu’Élisée, l’homme de Dieu, apprit que le roi d’Israël avait déchiré ses vêtements, il envoya dire au roi : Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Qu’il vienne donc à moi, et il saura qu’il ya un prophète en Israël » (2 Rois 5, 8). Soulagé par cette proposition, le roi aiguille Naaman vers Élisée, en lui expliquant avec force détails que cet homme est un véritable envoyé de Dieu et qu’il possède des pouvoirs de thaumaturge, de sorte qu’il est à même de le guérir de sa lèpre. C’est son rôle à lui, et non à moi, qui ne suis qu’un simple roi…, peut-il se dire. « Naaman vint avec ses chevaux et son char, et il s’arrêta (lire la suite) sur la porte de la maison d’Élisée (2 Rois 5, 9). Il s’attend évidemment à ce que le prophète sorte l’accueillir. C’est bien normal. Le roi ne l’a-t-il pas fait prévenir de la raison qui l’amène à lui et de sa qualité ? C’est la première fois que Naaman va se trouver en présence d’un prophète et il est curieux de voir à quoi il ressemble et comment il va s’y prendre pour le guérir, à quelles incantations il va recourir, quelles prières il va formuler. Naaman s’attend à quelque chose de spectaculaire. Il faut reconnaître que, de toute façon, sa guérison, si elle intervient, sera en soi spectaculaire. Mais elle peut intervenir à distance. Et cela Naaman le ne le sait pas, ne l’imagine pas. Cela n’entre pas dans l’idée qu’il se fait du prophète, et surtout de la haute considération dont il s’attend qu’on l’entoure en tant que général en chef de la puissante armée syrienne. Il est en quête de spectaculaire. « Combien se laisseraient clouer sur une croix, devant des milliers de spectateurs stupéfaits, qui ne savent pas supporter chrétiennement les piqûres d’épingle quotidiennes ! — Juge, par là, ce qu’il y a de plus héroïque (saint Josémaria, Chemin, n° 204). Naaman occupe un rang important. L’introduction auprès du prophète doit être à la hauteur, proportionnée, respecter le protocole… Au lieu de cela, le prophète se borne à lui envoyer un serviteur (cf. 2 Rois 5, 10). Même pas « quelqu’un de qualité ». Tout juste un serviteur. Lequel est porteur d’un message banal en apparence, qui semble même une farce : « Va ; lave-toi sept fois dans le Jourdain, tu retrouveras ta chair saine, et sois pur » (2 Rois 5, 10). Naaman prend cela très mal. Il ne semble pas penser que le conseil est ridicule en soi mais que, si c’est ce qu’il doit faire, eh bien ! il n’a pas besoin des eaux d’Israël. Il est furieux. Il ne prend même pas le temps d’examiner la suggestion pour voir si elle est raisonnable. Il est trop englué dans ses pensées de grand personnage pour y prêter vraiment attention. « Voici que je me disais : ‘Il va sortir, se présenter, invoquer le nom du Seigneur, son Dieu, balancer la main vers le lieu sacré et délivrer le lépreux » (2 Rois 5, 11). Il s’est inventé tout un cérémonial. « De même que la propriété de l’étoile est la lumière dont elle est entourée, la propriété de l’homme pieux et craignant Dieu est la simplicité et l’humilité (Hésichius, De temperantia et virtute 1, 82). Ce n’est pas précisément l’état d’esprit de Naaman. Il est trop imbu de lui-même. Il n’a pas compris que Dieu est « débordant d’amour, il distribue ses grâces à tous ceux qui s’approchent de lui d’un cœur simple » (saint Clément de Rome, Epistola ad Corinthios 23, 1). « Naaman fut irrité et s’en alla » (2 Rois 5, 11). Il se dispose à retourner à Damas, avec un sentiment d’échec pitoyable : lui, le général victorieux entre tous, il est vaincu dans un combat pacifique. Il maudit ce prophète de malheur qui n’a même pas daigné s’intéresser à lui, comme s’il le craignait ou le méprisait. « Il n’y a peu de belle louange dans la bouche du pécheur, parce qu’elle n’est pas envoyée par le Seigneur » (Ecclésiastique 15, 9). (à suivre…)

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