ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

lundi 28 mai 2007

Hair son pere et sa mere !…


Haïr son père et sa mère !…

Jésus marche comme bien souvent et, comme d’habitude aussi, « une grande foule cheminait avec lui ». Il s’entretient avec l’un ou l’autre, avec tel de ses apôtres, ou un petit groupe de ses disciples qu’il continue ainsi de former, ou bien encore avec des gens qui viennent le voir et lui parler de leur caparaçonner. Sans doute des enfants courent de partout et il caresse ceux qui s’approchent de lui. Cette activité n’interrompt pas la prière qu’il adresse à son Père. Soudain, il s’arrête, se retourne et, s’adressant à la foule, se met à l’instruire en lui livrant le fruit de sa prière, ce qu’il porte alors dans son Cœur.
Ce dont il parle ce jour-là, c’est de détachement à l’égard du monde, et même de sa famille (lire la suite) naturelle, et de renoncement aux biens de ce monde. « Si quelqu’un vient à moi et ne hait pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple » (v. 26). Cela peut paraître surprenant, alors que le quatrième commandement de Dieu consiste à aimer ses parents et que Jésus lui-même a enseigné : « Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent. Bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous maltraitent » (Luc 6, 27-28). C’est un peu le monde à l’envers !
Ce que le Seigneur veut dire, c’est que nous devons haïr « celui qui s’oppose à nous sur le chemin de Dieu, même si c’est un parent ; […] Nous devons donc aimer notre prochain ; nous devons avoir de la charité envers tous, avec nos proches et avec les étrangers, mais sans nous éloigner de l’amour de Dieu par amour pour eux » (saint Grégoire le grand, In Evangelia homiliæ 37, 3).
Ce renoncement est nécessaire pour suivre le Christ : « Et quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas, ne peut être mon disciple » (v. 27). Autrement dit, renoncer à tout ce qui fait obstacle au don de soi à Dieu, c’est porter sa croix avec lui.
Jésus prend alors l’exemple de celui qui veut bâtir une tour. Avant de se lancer dans l’opération, il s’assied « auparavant pour calculer la dépense et s’il a de quoi l’achever. De peur qu’après avoir posé les fondements de l’édifice, il ne puisse le conduire à sa fin, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler en disant : « Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever. » Ou, quel roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord pour délibérer s’il peut, avec dix mille hommes, faire face à un ennemi qui vient l’attaquer avec vingt mille ? S’il ne le peut, tandis que celui-ci est encore loin, il lui envoie une ambassade pour négocier la paix. Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple » (v. 28-33).
Le lien entre ces exemples et l’exigence qu’il vient de manifester ne semble pas évident. Mais le Seigneur veut amener son auditoire, et peut-être ses apôtres en premier, à comprendre que l’on ne peut pas se donner à Dieu à moitié. Quand il appelle, il faut se donner à lui en entier, comme les premiers apôtres : statim, « aussitôt », relictis retibus, « laissant là leurs filets », ils le suivirent (Matthieu 4, 20) .
Ce qui ne veut pas dire abandonner le monde. Le Seigneur n’a pas fait des apôtres des anachorètes (institution qui verra le jour au IVe siècle). Ils sont, pour certains, des pêcheurs au moment où Jésus les invite à le suivre. Et ils restent pêcheurs : après la Résurrection, Simon-Pierre dit : « Je m’en vais pêcher. Ils lui dirent : « Nous y allons, nous aussi, avec toi » (Jean 21, 3). Ils sont dans le monde. Tout comme saint Paul, qui pourra se vanter de gagner sa vie par le travail de ses mains : « Nous peinons en travaillant de nos propres mains » (1 Corinthiens 4, 12 ; cf. 1 Thessaloniciens 2, 9).
Mais pour suivre le Christ, il faut renoncer à tout, vivre non pas en propriétaire des biens que nous avons, mais en simples administrateurs, et en user avec générosité envers les autres.

Aucun commentaire: