L'objection de conscience de nos jours
L'objection de conscience de nos jours
L'évolution qui a été rappelée dans le texte précédent dénote très clairement une « volonté juridique d'évoluer vers l'abolition de ce droit de l'homme » qu'est l'objection de conscience dont le fondement est, faut-il le rappeler, que nul ne peut être contraint d'agir contre sa conscience. La raison invoquée par les sectateurs de cette attitude a-juridique (le droit consistant à dire to dikaion, « ce qui est juste », faisait remarquer déjà Aristote), est que « l'objection exprimerait un moyen d'échapper à la loi, et elle violerait le principe de l'égalité de tous devant elle ». Cela est affirmé sans prendre conscience - c'est le cas de le dire - qu'il s'agit d'une pétition de principe, (lire la suite) dénuée de tout fondement.Si de telles conditions venaient à prévaloir, ce serait la victoire de la thèse suivante : « Une société tolérante ne peut tolérer que s'exerce en son sein un droit d'objection de conscience, car elle n'est plus en mesure d'accepter en les honorant les valeurs supérieurs qui s'expriment en son sein ». N'en déplaise aux tenants de cette théorie, ils cherchent à imposer une nouvelle tyrannie à notre société.
Parlant dans le Monde du 2 février 2007 du dépistage prénatal, le professeur Didier Sicard, Président du Comité consultatif national d'Éthique, constate que sa généralisation « est, certes, fondée sur la notion de proposition, mais dans la pratique il est, de fait, devenu quasi obligatoire. Le dépistage de la trisomie concerne désormais en France, gratuitement, la quasi-totalité des grossesses. Osons le dire : la France construit pas à pas une politique de santé qui flirte de plus en plus avec l'eugénisme ». Il ajoute que « nous ne sommes aujourd'hui qu'au tout début des possibilités de dépistage des affections génétiques. Le dépistage, comme toute technique, à une tendance à la double extension quantitative et qualitative. Des firmes particulièrement agressives en termes de dumping et de marketing, qui ne craignent pas de se présenter comme faisant le bien public, qualifient d'irresponsables ceux qui tentent de débattre de manière critique de ces questions.
En l'occurrence, il n'y a pas de vraie pensée mais la recherche constante d'une optimisation. Le résultat intervient toujours avant que l'on interroge son sens. Il en irait différemment si le dépistage n'était mis en œuvre qu'au bout d'une réflexion, d'une anticipation, d'une démarche de discernement chez les couples concernés. Or c'est très exactement le contraire qui se passe. » Et d'ajouter : « Je suis profondément inquiet devant le caractère systématique des dépistages, devant un système de pensée unique, devant le fait que tout ceci soit désormais considéré comme un acquis. Cette évolution et cette radicalité me posent problème. Comment défendre un droit à l'inexistence ? J'ajoute que le dépistage réduit la personne à une caractéristique. C'est ainsi que certains souhaitent que l'on dépiste systématiquement la maladie de Marfan dont souffraient notamment le président Lincoln et Mendelssohn. Aujourd'hui, Mozart, parce qu'il souffrait probablement de la maladie de Gilles de la Tourette, Einstein et son cerveau hypertrophié à gauche, Petrucciani par sa maladie osseuse, seraient considérés comme des déviants indignes de vivre. »
(à suivre...)
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