Art et poesie (2)
Art et poésie (2)
La grammaire est, dit-on, une chanson bien douce.Erik Orsena, à ce qu’il semble, l’estime
Puisqu’il a donné, par un beau joli de pouce,
À un livres des siens ce titre rarissime.
Si la poésie se lit avec des couleurs
Les tons d’un tableau se transforment en poème
Laissant échapper des sons, tels des roucouleurs,
Faisant l’économie d’un futile enthymème.
Qu’un exemple serve à notre explication.
Dans la grande toile où Philippe de Champaigne (lire la suite)
Exprime comment il voit l’Annonciation,
Lui seul est informé qu’il faudra qu’il y peigne
Trois minces fleurs de lys arrangées dans un vase,
Pour la virginité, qui reste permanente,
De celle qui a mis au monde l’hypostase
Du Fils de Dieu fait homme, une œuvre surprenante.
Le peintre y figure un charmant bouquet de roses,
Pour représenter la beauté si singulière,
Dont on pourrait être privé par amaurose,
De celle qui s’offre à l’homme comme auxiliaire.
Voici une brassée de diverses tulipes :
Cette fois, elles sont le signe des vertus,
Portées à un degré singulier, qui équipent
La Vierge Marie qui en est toute vêtue.
Il reste à dire que la présence des fleurs
Sert aussi à dater l’heureux événement
Au début du printemps. Il se produit à l’heure
Prévue par le Sauveur pour son avènement.
Nous comprenons donc sans peine qu’un musicien
Comme Olivier Messiaen arrive à voir jaillir
Derrière chaque note, en oniromancien,
Des gerbes rouges et bleues venant embellir
Ce que son instinct lui présente et qu’il compose.
D’autres, des noires et des vertes, s’y ajoutent.
Alors un concert de couleurs se superpose
À la partition soignée et nous envoûte.
Étrange monde où les valeurs se sont mêlées,
Se rappelant d’un air discret le fantastique,
L’art dans lequel Marcel Brion a excellé,
Le peaufinant dans ses romans avec plastique.
Le plus petit poème est alors une rose
Apparente de la cathédrale cachée.
Voyez-le déclamer, tenant une jambose
À la main. C’est un vrai régal, non un péché.
(à suivre…)
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