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dimanche 22 juillet 2007

Le progres materiel


Le progrès matériel

« Nul ne peut contester que ce progrès matériel existe et qu’il nous apporte de réels biens matériels. Mais ces biens sont tout relatifs, car ils ne nous sont vraiment utiles que si nous en faisons un bon usage et nous pouvons en faire un très mauvais usage si notre état de progrès, de développement social, moral, spirituel ne va pas de pair avec leur possession. Ils sont dans nos mains un moyen ou un instrument précieux, ils sont un instrument de la civilisation, mais ce n’est pas en eux que consiste la civilisation, car il ne nous sont vraiment bons que s’il y a en eux cette bonté intérieure, morale ou spirituelle, qui (lire la suite) nous permettra de nous en bien servir, ce qui revient à dire que la civilisation, la vraie civilisation est dans l’homme, à l’intérieur de son âme, dans sa vie morale et spirituelle, et non dans les biens extérieurs, étrangers à lui, dont il peut faire usage.
Aux hommes de son temps qui cherchaient « le royaume de Dieu » en des triomphes extérieurs, le Christ rappelait que « le royaume de Dieu est au-dedans de nous » (qu’il consiste dans la vie de la foi et de la charité au fonds des âmes) : aujourd’hui, ce n’est plus seulement le royaume de Dieu dont il faut rappeler aux hommes l’intériorité, c’est la civilisation elle-même, dont il faut leur dire qu’elle est en nous, qu’elle est dans l’homme, de même que parlant de la crise on a pu s’apercevoir bien vite qu’elle n’était pas purement économique et reconnaître que, selon une formule célèbre, « la crise est dans l’homme » (Jean Daujat, La nécessaire conversion, Paris, 1953, p. 21-22).
Nous ne pouvons pas oublier que des progrès ne sont possibles - à un rythme accéléré même, comme de nos jours - que parce que l'intelligence humaine est une étincelle de l'intelligence divine, que parce que Dieu a doté l'homme d'une partie de son pouvoir sur la création : "Dieu prit l'homme et le plaça dans le jardin d'Éden pour le cultiver et le garder" (Genèse 2, 15). Mais ce progrès dans la maîtrise du monde et de ses éléments n'est positif et enrichissant pour l'homme que s'il s'accompagne d'une maîtrise de soi - de ses passions et de son penchant pour le mal - et d'un enrichissement spirituel par le développement des vertus et la recherche de Dieu : "Quel profit, en effet, aurait l'homme, quand il gagnerait l'univers, si c'est au détriment de son âme ?" (Matthieu 16, 26).
Or, "dans l’ordre religieux l’homme reste l’homme et que Dieu reste Dieu. Dans ce domaine, le comble du progrès est déjà atteint : c’est le Christ, alpha et oméga, commencement et fin (Apocalypse 21, 6).
Dans la vie spirituelle, il n’y a pas de nouvelle époque à laquelle il faudrait parvenir. Tout a déjà été donné dans le Christ, qui est mort, qui est ressuscité, qui vit et demeure toujours. Mais il nous faut nous unir à Lui par la foi, en laissant sa vie se manifester en nous, afin que l’on puisse dire que chaque chrétien est non plus alter Christus, mais ipse Christus, le Christ lui-même !
Instaurare omnia in Christo, telle est la devise que saint Paul donne aux chrétiens d’Éphèse (Éphésiens 1, 10) ; ordonner toutes choses selon l’esprit de Jésus, placer le Christ au sein même de toutes choses. (...) quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tout à moi (Jean 12, 32). Le Christ, par son incarnation, par sa vie de travail à Nazareth, par sa prédication et ses miracles dans les terres de Judée et de Galilée, par sa mort sur la Croix, par sa résurrection, est le centre de la création, l’Aîné et le Seigneur de toute créature" (saint Josémaria, Quand le Christ passe, nos 104-105).
C'est Dante qui écrivait dans La Divine comédie (« Enfer », chant VII), à propos des damnés :
« Mal dépenser et mal amasser leur a fermé le monde de la beauté,
Et les a jetés dans cette bataille ;
Ce qu’elle est, je n’ai point à l’embellir.
Ainsi tu peux voir, cher fils, quelle brève illusion
Est celle des biens confiés à la Fortune,
Et qui font se tourmenter l’humanité ;
Car tout l’or qui est et qui fut déjà sous la lune
Ne pourrait permettre de se reposer
À une seule de ces âmes fatiguées. »

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