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samedi 14 juillet 2007

Le 14 juillet 1790



Le 14 juillet 1790


Mon ancêtre Jean d’Arcet (1777-1844), a accompagné son père, Jean d’Arcet (1724-1801), à la fête de la Fédération qui commémorait la prise de la Bastille, le 14 juillet 1790, au Champ de Mars, à Paris. Je retranscris le récit qu’il a dicté en 1843 à sa fille Pauline :
« Mon Père était un des électeurs de la ville de Paris. En cette qualité, il dut assister à la première fédération. Cette grande cérémonie eut lieu au champ de Mars par un temps fort incertain. Nous allâmes de la place Louis XV (lire la suite) [l’actuelle place de la Concorde] au champ de Mars en suivant le cours la Reine, le quai de Chaillot et en traversant la Seine devant le champ de Mars sur un pont en bois construit exprès pour la cérémonie. Nous étions à pied dans le cortège, nous traversâmes le champ de Mars dans toute sa longueur, et nous fûmes placés sous une grande estrade couverte qui avait été construite en avant de l’école Militaire et le long de la grande face de ce bâtiment. Mon père était placé à côté du duc d’Orléans (l’Égalité). Le roi Louis XVI était au centre de l’estrade. Il était vêtu d’un pantalon et d’une veste courte en drap d’or et complètement boutonnée. Je ne me souviens pas de lui avoir vu ni chapeau ni manteau. Ayant beaucoup marché et étant assis depuis long-emps, je pressais mon Père de me donner quelque chose à manger. Il n’avait rien à m’offrir, mais le duc d’Orléans qui m’entendit tira aussitôt de dessous la banquette un pâté dont il m’offrit un gros morceau, que j’acceptai et que je mangeai bien volontiers.
Le temps, comme je l’ai dit plus haut, était très incertain. Le soleil était beau et chaud par moments et ensuite le ciel se couvrait de nuages noirs et très épais. Je remarquai qu’à chaque salve d’artillerie, quand le temps était couvert, ces nuages se résolvaient en pluie qui tombait à torrents. Je me souviens encore d’avoir vu des femmes exposées à cette pluie tordre leurs jupons après chaque averse. Ma sœur Julie, qui était sur un des talus à droite du champ de Mars, passa ainsi la journée à tordre sa robe après la pluie et à la sécher sur elle ensuite au soleil. À chaque averse, on voyait s’ouvrir les parapluies, qui par leurs différentes couleurs formaient un singulier spectacle.
J’ai trouvé par hasard chez un marchand du quai aux fleurs, le tableau peint à l’huile sur bois de noyer, représentant la première fédération au moment du serment. Je certifie que ce tableau, qui est en ma possession, est parfaitement exact et je suis convaincu que c’est d’après lui qu’a été gravée la belle planche de la grande cérémonie dont il est ici question, ce tableau m’a coûté 3 f 50. Monsieur Mérimée a déclaré qu’il était l’original. »

L’original de ce récit a été donné avec l’esquisse de David au musée Carnavalet.

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