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mardi 5 février 2008

Les epoux Priscille et Aquilas (3)

Les époux Priscille et Aquilas (3)

De retour à Rome, Aquilas et Priscille continuèrent à accomplir cette très précieuse fonction également dans la capitale de l'Empire. En effet, Paul, écrivant aux Romains, envoie précisément ce salut : « Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus ; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude : c'est le cas de toutes les Églises de la gentilité ; saluez aussi l'Église qui se réunit chez eux » (Romains 16, 3-5). Quel extraordinaire éloge des deux conjoints (lire la suite) dans ces paroles ! Et c'est l'apôtre Paul lui-même qui le fait. Il reconnaît explicitement en eux deux véritables et importants collaborateurs de son apostolat. La référence au fait d'avoir risqué la vie pour lui est probablement liée à des interventions en sa faveur au cours d'un de ses emprisonnements, peut-être à Éphèse même (cf. Actes 19, 23 ; 1 Corinthiens 15, 32 ; 2 Corinthiens 1, 8-9). Et le fait qu'à sa gratitude, Paul associe même celle de toutes les Églises des gentils, tout en considérant peut-être l'expression quelque peu excessive, laisse entrevoir combien leur rayon d'action a été vaste, ainsi, en tous cas que leur influence en faveur de l'Évangile.
La tradition hagiographique postérieure a conféré une importance particulière à Priscille, même s'il reste le problème de son identification avec une autre Priscille martyre. Dans tous les cas, ici, à Rome, nous avons aussi bien une église consacrée à Sainte Prisca sur l'Aventin que les catacombes de Priscille sur la Via Salaria. De cette façon se perpétue la mémoire d'une femme, qui a été certainement une personne active et d'une grande valeur dans l'histoire du christianisme romain. Une chose est certaine : à la gratitude de ces premières Églises, dont parle saint Paul, doit s'unir la nôtre, car c'est grâce à la foi et à l'engagement apostolique de fidèles laïcs, de familles, d'époux comme Priscille et Aquilas, que le christianisme est parvenu à notre génération. Il ne pouvait pas croître uniquement grâce aux Apôtres qui l'annonçaient. Pour s'enraciner dans la terre du peuple, pour se développer de façon vivante, était nécessaire l'engagement de ces familles, de ces époux, de ces communautés chrétiennes, et de fidèles laïcs qui ont offert l'« humus » à la croissance de la foi. Et c'est toujours et seulement ainsi que croît l'Église. En particulier, ce couple démontre combien l'action des époux chrétiens est importante. Lorsqu'ils sont soutenus par la foi et par une forte spiritualité, leur engagement courageux pour l'Église et dans l'Église devient naturel. Leur vie commune quotidienne se prolonge et en quelque sorte s'élève en assumant une responsabilité commune en faveur du Corps mystique du Christ, ne fût-ce qu'une petite partie de celui-ci. Il en était ainsi dans la première génération et il en sera souvent ainsi.
Nous pouvons tirer une autre leçon importante de leur exemple : chaque maison peut se transformer en une petite Église. Non seulement dans le sens où dans celle-ci doit régner le typique amour chrétien fait d'altruisme et d'attention réciproque, mais plus encore dans le sens où toute la vie familiale sur la base de la foi, est appelée à tourner autour de l'unique domination de Jésus Christ. Ce n'est pas par hasard que dans la Lettre aux Éphésiens, Paul compare la relation matrimoniale à la communion sponsale qui existe entre le Christ et l'Église (cf. Éphésiens 5, 25-33). Nous pourrions même considérer que l'Apôtre façonne indirectement la vie de l'Église tout entière sur celle de la famille. Et en réalité, l'Église est la famille de Dieu. Nous honorons donc Aquilas et Priscille comme modèles d'une vie conjugale engagée de façon responsable au service de toute la communauté chrétienne. Et nous trouvons en eux le modèle de l'Église, famille de Dieu pour tous les temps.

Benoît XVI, Audience générale, 7 février 2007.

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