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vendredi 9 mars 2007

Les reliques de la Passion (suite)


Les reliques de la Passion (suite)


3. L’acquisition des reliques par saint Louis
En 1238, le jeune roi Baudouin II de Courtenay vient en France proposer au roi de France, Louis IX de lui engager la Couronne du Christ. Les envoyés du roi apprennent que la Couronne a déjà été engagée par les régents à l’Empire à un Vénitien pour une somme astronomique. Ils l’acquièrent néanmoins et la convoient d’abord jusqu’à Venise, d’où, en février 1239, elle gagne la France.
Le roi qui se trouve à Troyes quand on lui annonce que la relique approche de la ville de Sens, se porte à sa rencontre à Villeneuve-l’Archevêque, (lire la suite)
où il la reçoit, le 10 août. Gauthier Cornut, archevêque de Sens, nous a laissé un récit circonstancié de l’événement. « On ouvrit d’abord la caisse de bois qui renfermait la sainte relique et l’on en vérifia les sceaux, avec les actes qui en établissaient l’authenticité. On ouvrit ensuite la châsse d’argent, puis le vase d’or qui renfermait la sainte couronne. » À la suite de quoi le roi présente la sainte Couronne au peuple assemblé : ce fut la première ostension de la Couronne en France. Le lendemain, 11 août, la Couronne, portée sur leurs épaules par le roi et le plus âgé de ses frères, tous deux pieds nus en signe d’humilité, est conduite en procession jusqu’à la cathédrale.
Le 12 août 1239, la Couronne prend le chemin de Paris où, le 19, elle est solennellement accueillie aux portes de la ville. Le Roi, monté sur une estrade, la montre alors à toute l’assistance réunie et la conduit ensuite à nouveau en procession, avec les mêmes signes d’humilité qu’à Sens, jusqu’à la chapelle du Palais de la Cité après, cependant, une longue station à la cathédrale Notre-Dame. Le roi décide aussitôt d’entreprendre, pour lui servir d’écrin, la construction d’une nouvelle chapelle, la Sainte-Chapelle. D’autres « saintes chapelles » seront construites par saint Louis ou par ses descendants dans des châteaux royaux ou princiers : elles recevaient à leur consécration soit une épine de la sainte couronne soit un éclat de la vraie Croix.
Saint Louis fait l’acquisition d’autres reliques insignes : le 30 septembre 1241, la vraie Croix et sept autres reliques « dominicales » (en rapport avec Dominus, « le Seigneur »), dont le Saint Sang et la pierre du saint Sépulcre ; en 1242, neuf autres reliques dominicales. C’est Paris qui est devenue à son tour la « nouvelle Jérusalem ».
Rohault de Fleury recopie l’inventaire des reliques de la Sainte-Chapelle effectué par Morand en 1790, qui fait état de vingt pièces : 1) la couronne d’épines ; 2) une grande partie du bois de la vraie croix ; 3) un morceau du fer de lance ; 4) du manteau de pourpre ; 5) du roseau ; 6) de l’éponge ; 7) les menottes ; 8) la croix de victoire ; 9) du sang de notre Seigneur ; 10) du sang miraculeux sorti d’une image de Jésus-Christ ; 11) des drapeaux de son enfance ; 12) du linge dont il se servit au lavement des pieds ; 13)-15) des reliques de la Sainte Vierge ; 16) le haut du chef de saint Jean-Baptiste ; 17)-18) du saint suaire, une sainte face ; 19) du saint sépulcre ; 20) la verge de Moïse.
Louis IX fit placer la Couronne d’épines dans un reliquaire d’or et de cristal, orné de pierres précieuses, qui adoptait la forme d’une couronne placée sur un pied d’argent doré, le tout approchant, en hauteur, du mètre. La Croix, en forme de croix à double traverse, haute de près d’un mètre à elle seule, avait été retirée de son écrin byzantin pour être entièrement revêtue de cristal, serti à l’intérieur de fins bandeaux d’or, semé de perles et de pierreries. Des représentations, peinte ou gravées, du XVème au XVIIIème siècle, en témoignent. À la Révolution,Louis XVI met les reliques à l’abri dans l’abbaye royale de Saint-Denis. Mais le 12 novembre 1793, elles sont offertes « à la Patrie en danger ». Tous les reliquaires de la grande châsse sont envoyés à la fonte, hormis deux éléments du reliquaire de la pierre du sépulcre, aujourd’hui au Musée du Louvre.
Le 25 avril 1794, le reliquaire de la Sainte Couronne était envoyé à la fonte, et la Couronne remise, nue, à la Commission temporaire des arts, pour être versée au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. Au même moment, la Vraie Croix était dépouillée des matières précieuses dont saint Louis l’avait fait revêtir et la trace de la relique elle-même se perd alors. Enfin, le 26 octobre 1804, le chanoine d’Astros, de la cathédrale Notre-Dame, récupérait au Cabinet des Médailles et Antiques, pour Notre-Dame la Couronne et les quelques autres reliques qui avaient également abouti à la Bibliothèque nationale en 1794 et 1795.

(à suivre…)

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