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jeudi 26 avril 2007

Journee des Deportes (1)

Journée des Déportés (1)

Alors que s'approche la Journée des Déportés, je voudrais leur offrir en hommage ce poème intitulé "Wagons".

WAGONS

C’est par centaines de milliers qu’ils sont partis
Arrêtés au petit matin sans crier gare.
Fidèles, ils ne se sont jamais départis
De leur idéal, mais lancés dans la bagarre.

Or, défenseurs têtus de notre liberté
Et des droits essentiels de l’humaine personne
La liberté n’est plus et les a désertés.
Rail après rail l’angoisse en leur âme résonne. (lire la suite)

Ils sont partis, flot sans cesse renouvelé
Arrachés aux leurs et pouvant tout redouter.
Mêlés tels des bestiaux, les voici nivelés
Par un même destin auquel ils vont goûter.

Un maigre balluchon pour unique bagage
Rempli d’objets jugés vitaux en cet instant
Ne les retient pas de devenir des otages
Le plus fort a toujours le dessus. C’est constant.

Depuis cinq ou six ans déjà la croix gammée
Avait acquis sa bien sinistre renommée.
Accueillie par certains en libération
Elle imposait son joug sur bien des nations.

Pieuvre assoiffée de sang et jamais satisfaite,
Son ombre se fermait en forme de tenailles
Sur tous les prisonniers à la mine défaite
Et avec elle la lourde cotte de mailles

D’interrogatoires, d’une sourde méfiance,
Du mensonge, de la haine, aussi du soupçon.
La nature de l’homme est en pleine déviance.
L’animal prime sur l’homme. Quelle leçon !
Les déportés

Ce sinistre wagon, où l’on était en vie…
Les sifflements et par la bien maigre embrasure
La campagne entrevue, tout cela fait envie
Quand la peau reste pour unique couverture.

Cette peau — qui d’entre eux saurait le deviner ? —
Il se pourrait fort bien qu’elle se change un jour
Par le caprice de la nazie dulcinée
En un élégant et si commode abat-jour…
Les déportés

Ce poème est une version corrigée de celui que j'ai publié dans Abécédaire, Éditions de Paris, 2003.
(à suivre...)

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