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vendredi 4 décembre 2009

L'humilité de Marie (2)

L'humilité de Marie (2)

Oui, cette humilité de Marie a quelque chose d'exceptionnel et d'attachant. Jean-Baptiste déclarera : « Il faut que lui grandisse, et que moi, je diminue » (Jean 3, 30). C'est à bien plus forte raison le sentiment de Marie dès le moment où la voix de l'ange retentit et où elle s'apprête à donner son assertion sans réserve. Dieu, qui voit tout dans le présent de l'éternité, s'extasie en quelque sorte devant cette humilité de la Vierge de Nazareth.
Il voit que Marie ne fait pas d'histoire, que sa condition à venir ne lui tourne pas la tête et ne lui fera pas perdre le sens des réalités des choses de ce monde, (lire la suite) des réalités de sa vie quotidienne, cachés et sans relief apparent. « Marie, maîtresse du sacrifice discret et silencieux ! — Voyez-la, presque toujours dans l’ombre, collaborer avec son Fils : elle sait et se tait » (saint Josémaria, Chemin, n° 509). Le naturel avec lequel Marie s'engage corps et bien dans les plans de la divine Providence, et de se laisser conduire par elle, a sans nul doute « facilité » la tâche de Dieu, disons celle de saint Gabriel.
La question que Marie pose : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme » (Luc 1, 34), montrant qu'elle a déjà choisi son camp, qu'elle raisonne à partir de projets célestes, qu'elle n'attend qu'une indication pour savoir comment elle doit s'y prendre afin qu'il se réalise, avec elle pour instrument de l'immense grâce annoncée. Elle ne demande rien pour elle. Elle ne demande pas la Sagesse, comme Salomon (cf. 2 Chroniques 1, 10). Elle s'en remet totalement à Dieu : « Je suis la servante du Seigneur », l'humble servante du Seigneur : qu'il m'advienne selon ta parole » (Luc 1, 38).
Qu'importent son opinion et ses plans, l'idée qu'elle s'était faite de sa vie au service de Dieu. Elle n'a d'ailleurs jamais cherché à briller ou à se mettre en valeur, à se faire mousser. Elle veut glorifier Dieu, le louer et l'adorer : « Tu adoreras Dieu et lui seul » (Luc 4, 8). Elle veut voir le visage de son Seigneur : « Je voudrais voir ta face, Seigneur » (Psaume 42, 3). Celui qui veut être grand, qu'il se fasse comme le serviteur (Luc 22, 26). Cela, elle l'a compris d'instinct. Depuis toujours. C'est un sentiment que Dieu a fait germer et fleurir dans son âme, un désir qui la gagne de plus en plus et guide toutes ses démarches, sa prière, son existence entière.
Et voilà que le Seigneur a jeté les yeux sur sa bassesse (cf. Luc 1, 48). Ce n'est pas sur l'espérance d'Israël, qui est la sienne propre, ce n'est pas sur une foi sans faille comme celle d'Abraham (Hébreux 11, 8.17), ce n'est pas sur l'Amour, objet du premier des commandements, que Dieu a pris appui pour s'incarner dans les entrailles très pures de Marie. C'est sur son humilité. Et Marie en est pleinement consciente. Elle en loue Dieu. Et puisqu'il ne s'agit plus d'elle, mais que seul compte ce Fils qui lui est donné, son humilité peut la conduire à prophétiser : « Toutes les générations me déclareront bienheureuse » (Luc 1, 48). Non pas pour elle-même, mais parce qu'elle est le tabernacle vivant du Fils de Dieu, Temple du Saint-Esprit, choyée par le Père.

(à suivre...)

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