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mardi 8 décembre 2009

L'Immaculée Conception

L'Immaculée Conception

Pour saint Éphrem (+ 373), la conception virginale de Jésus rappelle la naissance d'Ève : « De fait, Marie donna naissance sans le concours d'un homme. De même qu'à l'origine, Ève est née d'Adam sans qu'il y ait eu rencontre charnelle, ainsi en est-il de Joseph et de Marie, la vierge son épouse. Ève mit au monde le meurtier Caïn, Marie le Vivificateur. Celle-là mit au monde celui qui répandit le sang de son frère (Genèse 4, 1-16), celle-ci celui dont le sang fut répandu par ses frères. (...) La conception de la vierge nous enseigne que celui qui, sans lien charnel, a mis au monde Adam en le faisant sortir de la terre vierge, a aussi formé sans lien charnel le second Adam dans le sein de la vierge. Le premier Adam était retourné sans le sein de sa mère ; par ce second Adam, qui n'y retourna pas, celui qui était enseveli dans le sein de sa mère en fut retiré » (Diatessaron 2, 2). Dans sa controverse avec Pélage, saint Augustin (354-430) affirme que la sainteté de Marie constitue un don exceptionnel, ajoutant : (lire la suite) « Exception faite pour la Sainte Vierge Marie, elle dont, pour l'honneur du Seigneur, je ne veux en aucune façon que l'on parle lorsqu'il s'agit de péchés : ne savons-nous donc pas pourquoi une grâce plus grande lui a été conférée dans le but de vaincre le péché, elle qui a mérité de concevoir et de mettre au monde Celui qui de façon manifeste ne pécha jamais ? » (De natura et gratia 42). « Nous avons en horreur de dire de cette femme, c'est la belle réponse de Denys le Chartreux (1402-1471), que, devant écraser un jour la tête du serpent, elle ait jamais été écrasée par lui, et que, Mère de Dieu, elle ait jamais été fille du démon » (III Sent., d. 2, q. 1) » (saint Pie X, enc. Ad diem illum, 2 février 1904). Eadmer (1064-1141), moine de Canterbury, a écrit le premier traité de l'Immaculée Conception de Marie, vers 1128. Il utilise l'image de la châtaigne, qui « est conçue, nourrie et formée sous les épines, mais qui reste toutefois à l'abri de leurs piqûres » (De conceptione 10). Autrement dit, « même sous les épines d'une génération qui de par sa nature devait trasmettre le péché originel, (...) Marie est restée à l'abri de toute tache, par la volonté explicite de Dieu qui « l'a pu, manifestement, il l'a voulu. S'il l'a donc voulu, il l'a fait (potuit plane. Si igitur voluit, fecit) » (Ibid.) » (Jean-Paul II, Audience générale, 4 juin 1996). Certains diront aux XIIIe et XIVe siècles que Marie a été soumise au péché originel pendant un court instant (per parvam morulam). La difficulté théologique soulevée est l'universalité de la Rédemption. Le magistère va affirmer que Marie n'est pas une exception : elle est la première à avoir été rachetée par le Christ de façon suréminente, en considération des mérites de Jésus-Christ (Catéchisme de l'Église Catholique, n° 491). Chez Marie, la Rédemption n'est pas « libératrice », mais « préservatrice ». C'est Duns Scot (1266-1308) qui apporte la solution aux objections comme quoi la rédemption n'aurait pas été universelle si les êtres humains ne partagaient pas tous la condition de pécheurs. Il explique que le Christ, Médiateur parfait, a manifesté en Marie l'acte de médiation le plus parfait en la préservant du péché originel, par ce que la théologie appellera une « rédemption préservatrice ».
Par la bulle Ineffabilis Deus, du 8 décembre 1854, Pie IX définit le dogme, ou vérité de foi, suivant : « Dès le premier instant de sa conception, par une grâce et un privilège spécial du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, la bienheureuse Vierge Marie a été préservée et exempte de toute tache du péché originel. » Le pape mentionne explicitement que cette déclaration est infaillible. Peu après cette définition, la Vierge apparaît, à Lourdes, à Bernadette Soubirous et lui dit en patois : « Je suis l’Immaculée Conception. » La définition de l'immunité du péché originel « ne comprend pas explicitement l'immunité de la concupiscence. Toutefois la préservation complète de Marie de toute tache du péché entraîne également son immunité de concupiscence, tendance désordonnée qui, selon le concile de Trente, provient du péché et pousse au péché » (Jean-Paul II, Audience générale, 16 juin 1996). Ce que l'Église honore, c'est la Conception immaculée de Marie, non sa sanctification ou la conception dans un deuxième temps, ce qui, dans les deux cas, laisserait supposer que Marie a été marquée d'abord par le péché originel puis rachetée dans un second temps. Le bienheureux Pie IX fait remarquer que la définition de l'Immaculée Conception « servira puisamment à réfuter ceux qui prétendent que la nature humaine n'a pas été gâtée à la suite de la première faute et qui exagèrent les forces de la raison pour nier ou diminuer le bienfait de la religion révélée » (Allocution au Consistoire, 9 décembre 1854).

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