ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

samedi 17 février 2007

14. Les actions indirectement volontaires


14. Les actions indirectement volontaires


« Tout acte voulu est imputable à son auteur » (Catéchisme de l’Église catholique, n°1736). Mais « une action peut être indirectement volontaire quand elle résulte d’une négligence à l’égard de ce qu’on aurait dû connaître ou faire, par exemple un accident provenant d’une ignorance du code de la route » (lire la suite) (Ibid.). Dans l’exemple cité, si l’on ignore — volontairement et de façon coupable — des normes élémentaires du code de la route, on peut dire que l’on veut de façon indirecte les conséquences de cette ignorance
Une autre situation est celle de l’action à conséquences multiples, certaines bonnes, d’autres mauvaises. « Un effet peut être toléré sans être voulu par l’agent, par exemple l’épuisement d’une mère au chevet de son enfant malade. L’effet mauvais n’est pas imputable s’il n’a été voulu ni comme fin ni comme moyen de l’action, ainsi la mort reçue en portant secours à une personne en danger. Pour que l’effet mauvais soit imputable, il faut qu’il soit prévisible et que celui qui agit ait la possibilité de l’éviter, par exemple dans le cas d’un homicide commis par un conducteur en état d’ivresse » (Ibid., n° 1737).
On dit aussi qu’un effet a été réalisé d’une volonté indirecte lorsqu’on ne le désirait ni comme fin ni comme moyen pour autre chose, mais en sachant qu’il accompagne de manière nécessaire ce que l’on désire réaliser. Par exemple, celui qui prend un comprimé pour guérir un rhume sait qu’il sera un peu somnolent, mais ce qu’il veut c’est guérir le rhume, et indirectement le sommeil. À proprement parler les effets indirects d’une action ne sont pas « voulus », mais tolérés ou permis dans la mesure où ils sont inévitablement unis à ce que l’on doit faire. Ceci est important dans la vie morale, car il arrive souvent que l’acte posé aient deux effets, l’un bon et l’autre mauvais, et il peut être licite de le réaliser pour obtenir le bon effet, bien que l’on ne puisse éviter le mauvais. Il s’agit parfois de situations très délicates, dans lesquelles il est prudent de demander conseil à quelqu’un qui soit en mesure de le donner. Dans de telles situations, l’effet bon doit être voulu directement et en premier, et l’effet ou les effets négatifs seulement indirectement, en vertu du principe selon lequel « on ne peut jamais faire un mal pour obtenir un bien », ou, dit d’une autre façon, « la fin ne justifie pas les moyens ».
Enfin un acte est volontaire (et par conséquent, imputable) in causa, « dans sa cause », lorsqu’il n’est pas choisi pour lui-même, mais qu’il découle fréquemment d’une conduite directement voulue. Cela suppose donc une répétition, une habitude de l’acte vertueux ou vicieux. Par exemple celui qui ne maîtrise pas la vue convenablement en face d’images obscènes est responsable (car il l’a voulu in causa) du désordre (non directement choisi) de son imagination. Pareillement, celui qui lutte pour vivre la présence de Dieu veut les actes d’amour de Dieu et du prochain qu’il réalise sans apparemment se les proposer. L’imputabilité renvoie aux notions de responsabilité et de mérite.

(à suivre…)

Aucun commentaire: