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dimanche 28 janvier 2007

La philosophie et la theologie




La philosophie et la théologie

En ce jour où nous fêtons saint Thomas d'Aquin, voici un texte qui montre les rapports de la philosophie et de la théologie : « Comme, dans son ordre naturel, la métaphysique parachevée en sa perfection est sagesse, ainsi la théologie dans sa perfection est sagesse. Certes, elle n’est pas la sagesse la plus haute : au-dessus d’elle il y a la sagesse des saints. Mais si le théologien participe aussi, fût-ce par le désir, à celle-ci, loin d’être détruite, sa sagesse théologique en sera accrue et purifiée.
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Le sage juge à la lumière des raisons premières et des causes suprêmes qu’il contemple. La sagesse théologique, enracinée dans la foi vive, participe à sa manière à la sagesse divine. Aussi le climat normal de la théologie est-il celui de la contemplation. C’est là une vérité fondamentale, que l’on a singulièrement oubliée de nos jours et je pense que cet oubli est loin d’être étranger à la crise actuelle de l’intelligence catholique.
À ce propos, nous pouvons faire une double remarque. La théologie est dite dans notre texte science et sagesse. Les deux termes ne s’opposent pas. La science renvoie en effet à la rigueur de la démarche, au sens où pour Aristote la philosophie a valeur de science. La sagesse, elle, exprime le sommet de ce savoir, là où il juge selon les raisons les plus hautes. Aujourd’hui quand on parle de science, le terme ne se réfère pas d’abord à la philosophie ou à la théologie spéculative, mais à un ensemble de disciplines qui, à l’instar des sciences de la nature, se définissent par le champ limité de leur objet et par un effort pour se soumettre aux exigences d’une méthode strictement déterminée. Dans la situation actuelle de la culture, ces disciplines prennent une importance grandissante. En soi, ce développement est un gain certain. Qu’on pense à l’histoire ou à l’exégèse, par exemple. Mais, par ailleurs, ce gain est gravement compromis par les conditions dans lesquelles il est acquis. En effet, l’essor des disciplines en question est la plupart du temps accompagné d’une éclipse de la philosophie et d’une méconnaissance, pleine de mépris qui est une marque de la myopie intellectuelle, de son usage en théologie. Or, dans ces sciences, la part de la conjecture et de l’opinion est grande, et d’autre part puisque la théologie spéculative ne peut se constituer sans l’appel à la philosophie, c’est l’orientation contemplative elle-même de tout le travail théologique qui est compromis. Aux yeux de plus d’un théologien, l’ambition qui doit animer la recherche n’est plus celle de la sagesse, mais celle de la science au sens moderne d’une procédure de plus en plus perfectionnée permettant de « maîtriser » l’objet, comme on le maîtrise dans des sciences polarisées par la technique. Et comme l’œuvre est moins aisée qu’il n’y paraît — de par la nature même de l’objet qui s’y refuse ! —, on déploie une somme considérable d’énergies à ce qui paraît être la condition et le premier moment de cette prise de l’objet, et qui est le moment négatif de la critique. D’où cette sûreté inébranlable pour décréter qu’une affirmation n’est pas certaine, — et d’autant moins certaine qu’il s’agit d’une certitude solidement fondée !
L’autre remarque concerne l’aspect existentiel de la sagesse théologique. En effet, dans la mesure où la théologie est intelligence de la foi, elle ne peut pleinement développer chez le théologien que pour autant que celui-ci s’engage de toute sa personne dans la vie de la foi. La tendance de faire de la théologie une « science » au sens restreint que nous avons dit se nourrit de l’illusion que le théologien peut être comme extérieur et étranger à son objet. L’engagement profond du théologien dans l’amour de la vérité révélée est une condition nécessaire de l’exercice de la théologie. C’est dans ce sens que nous pouvons comprendre l’avertissement donné par Léon XIII. Après avoir mis en garde contre la tentation de faire de l’ingéniosité et de l’érudition « le tout ou le principal de la philosophie », il ajoute concernant la théologie sacrée : « Il convient, il est vrai, de lui apporter le secours et la lumière d’une érudition étendue. Mais il est absolument nécessaire de la traiter à la manière grave des scolastiques afin que, par les forces de la Révélation et de la raison jointes en elle, elle demeure le rempart inexpugnable de la foi » (G. Cottier, « La foi a besoin de la philosophie », dans Scripta Theologica 11 (1979), p. 701-702). (/span>

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